Réfléchir :
Chapitre I,1 (pp. 33-40) I,2 (pp. 40-47) I,3 (pp. 48-58)
Chapitre II,1 (pp.58-64) II,2 (pp.64-68)
Chapitre III,1 (pp.68-74) III,2 (pp. 74-81) III,3 (pp. 81-87)
Chapitre IV,1 (pp 87-93) IV,2 (pp. 93-99) IV,3 (pp.100-105)
Chapitre V,1 (pp. 106-111) V,2 (pp. 112-118) V,3 (pp. 118-124)
Chapitre VI,1 (pp. 124-130) VI,2 (pp. 131-137) VI,3 (pp. 138-142)
Chapitre VII,1 (pp. 142-147) VII,2 (pp. 147-153) VII,3 (pp. 153-160)
Chapitre VIII,1 (pp. 160-166) VIII,2 (pp. 166-171) VIII,3 (pp. 171-176)
Chapitre IX,1 (pp. 177-182) IX,2 (pp. 182-187) IX,3 (pp. 187-193)
Chapitre I, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
pp. 33 et 34 |
« Zut » et « Cristi ». | ||
p.34 |
Le père Roland saisit la manne entre ses genoux,
la pencha, fit couler jusqu'au bord le flot d'argent des bêtes pour voir
celles du fond, et leur palpitation d'agonie s'accentua, et l'odeur forte de
leur corps, une saine puanteur de marée, monta du ventre plein de la
corbeille. Le vieux pêcheur la huma vivement, comme on sent des roses, et déclara : |
||
pp. 34-35 / 36 / 37 / 38 / 43 |
Description physique et morale des deux frères. | ||
pp. 33-35 / 42 |
Description physique et morale du père. | ||
pp. 36 |
Jean, aussi blond que son frère était noir, aussi calme que son frère était emporté, aussi doux que son frère était rancunier, avait fait tranquillement son droit et venait d'obtenir son diplôme de licencié en même temps que Pierre obtenait celui de docteur. | ||
pp. 37 / 41-42 |
Description physique et morale de la mère. | ||
pp. 33-35 / 38 |
Description physique et morale de la jeune veuve. | ||
p. 40 |
Sur la mer plate, tendue comme une étoffe bleue, immense, luisante, aux reflets d'or et de feu, s'élevait là-bas, dans la direction indiquée, un nuage noirâtre sur le ciel rose. Et on apercevait, au-dessous, le navire qui semblait tout petit de si loin. (p.40) | ||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre I | ||
Chapitre I, 2ème partie : | |||
p. 42 |
Depuis le départ elle s'abandonnait tout entière, tout son esprit et toute sa chair, à ce doux glissement sur l'eau. Elle ne pensait point, elle ne vagabondait ni dans les souvenirs ni dans les espérances, il lui semblait que son coeur flottait comme son corps sur quelque chose de moelleux, de fluide, de délicieux, qui la berçait et l'engourdissait. | ||
pp. 44 / 45 |
et ses deux tambours
jaunes, ronds comme des joues, (p.44) Et on voyait d'autres navires, coiffés aussi de fumée, accourant de tous les points de l'horizon vers la jetée courte et blanche qui les avalait comme une bouche, l'un après l'autre. Et les barques de pêche et les grands voiliers aux mâtures légères glissant sur le ciel, traînés par d'imperceptibles remorqueurs, arrivaient tous, vite ou lentement, vers cet ogre dévorant, qui, de temps en temps, semblait repu, et rejetait vers la pleine mer une autre flotte de paquebots, de bricks, de goélettes, de trois-mâts chargés de ramures emmêlées. Les steamers hâtifs s'enfuyaient à droite, à gauche, sur le ventre plat de l'Océan, tandis que les bâtiments à voile, abandonnés par les mouches qui les avaient halés, demeuraient immobiles, tout en s'habillant de la grande hune au petit perroquet, de toile blanche ou de toile brune qui semblait rouge au soleil couchant. (p.45) |
||
Questions ou réflexions | 1. Qu'est-ce qui rapproche ou éloigne les personnages les uns par rapport aux autres ? |
Analyse | |||
p. 46 |
« Puis il expliqua la côte
en face, là-bas, là-bas, de l'autre côté de l'embouchure
de la Seine - vingt kilomètres, cette embouchure - disait-il. Il montra
Villerville, Trouville, Houlgate, Luc, Arromanches, la rivière de Caen
et les roches du Calvados qui rendent la navigation dangereuse jusqu'à
Cherbourg. Puis il traita la question des bancs de sable de la Seine, qui se déplacent à chaque marée et mettent en défaut les pilotes de Quillebœuf eux-mêmes, s'ils ne font pas tous les jours le parcours du chenal. Il fit remarquer comment Le Havre séparait la basse de la haute Normandie. En basse Normandie, la côte plate descendait en pâturages, en prairies et en champs jusqu'à la mer. Le rivage de la haute Normandie, au contraire, était droit, une grande falaise, découpée, dentelée, superbe, faisant jusqu'à Dunkerque une immense muraille blanche dont toutes les échancrures cachaient un village ou un port : Étretat, Fécamp, Saint-Valéry, Le Tréport, Dieppe, etc. » |
||
p. 46 |
cet Océan couvert de navires qui couraient comme des bêtes autour de leur tanière ; | ||
p. 47 |
Les femmes, plus nerveuses, sentent parfois, sans comprendre pourquoi, que le bruit d'une voix inutile est irritant comme une grossièreté. | ||
p. 47 |
Tous les mâts innombrables, sur une étendue de plusieurs kilomètres de quais, tous les mâts avec les vergues, les flèches, les cordages, donnaient à cette ouverture au milieu de la ville l'aspect d'un grand bois mort. Au-dessus de cette forêt sans feuilles, les goélands tournoyaient, épiant pour s'abattre, comme une pierre qui tombe, tous les débris jetés à l'eau ; et un mousse, qui rattachait une poulie à l'extrémité d'un cacatois, semblait monté là pour chercher des nids. | ||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre I | ||
Chapitre I, 3ème partie : | |||
p. 48 |
« Bon, voici la veuve qui s'incruste, maintenant. » | ||
p. 58 |
Mme Roland se remit à songer devant la lampe qui charbonnait. | ||
Questions ou réflexions | 1. Mme Rosémilly
se mit à rire : |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre I | ||
Chapitre II, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 59 |
Il se demanda : « Qu'ai-je donc ce soir ? » Et il se mit à chercher dans son souvenir quelle contrariété avait pu l'atteindre, comme on interroge un malade pour trouver la cause de sa fièvre. | ||
p. 59 |
mais chez lui la nature première demeurait en dernier lieu la plus forte, et l'homme sensitif dominait toujours l'homme intelligent. | ||
p. 60 |
Certes, on n'est pas toujours maître de soi, et on subit des émotions spontanées et persistantes, contre lesquelles on lutte en vain. | ||
p. 60 |
Il se mit à réfléchir profondément à ce problème physiologique de l'impression produite par un fait sur l'être instinctif et créant en lui un courant d'idées et de sensations douloureuses ou joyeuses, contraires à celles que désire, qu'appelle, que juge bonnes et saines l'être pensant, devenu supérieur à lui-même par la culture de son intelligence. | ||
pp. 61 / 61-62 |
et il aperçut dans une sorte de songe bizarre un grand
vaisseau couvert d'hommes en turban, qui montaient dans les cordages avec de
larges pantalons. Sur sa droite, au-dessus de Sainte-Adresse, les deux
phares électriques du cap de la Hève, semblables à deux cyclopes monstrueux et jumeaux, jetaient sur la mer leurs longs et puissants regards. Partis des deux foyers voisins, les deux rayons parallèles,
pareils aux queues géantes de deux comètes, descendaient, suivant
une pente droite et démesurée, du sommet de la côte au
fond de l'horizon. Puis sur les deux jetées, deux autres feux, enfants
de ces colosses, indiquaient l'entrée du Havre ; et là-bas,
de l'autre côté de la Seine, on en voyait d'autres encore,
beaucoup d'autres, fixes ou clignotants, à éclats et à éclipses,
s'ouvrant et se fermant comme des yeux, les yeux des ports, jaunes, rouges,
verts, guettant la mer obscure couverte de navires, les yeux vivants de la terre hospitalière disant, rien que par le mouvement mécanique
invariable et régulier de leurs paupières : « C'est moi. Je suis Trouville, je suis Honfleur, je suis la rivière de Pont-Audemer. » Et
dominant tous les autres, si haut que, de si loin, on le prenait pour une planète,
le phare aérien d'Étouville montrait la route de Rouen, à travers
les bancs de sable de l'embouchure du grand fleuve. |
||
p. 63 |
Au son de la voix il comprit que Jean n'avait
rien regardé ; |
||
p. 63 |
Songe que ces petits feux, là-bas, arrivent de tous les coins du monde, des pays aux grandes fleurs et aux belles filles pâles ou cuivrées, des pays aux oiseaux-mouches, aux éléphants, aux lions libres, aux rois nègres, de tous les pays qui sont nos contes de fées à nous qui ne croyons plus à la Chatte blanche ni à la Belle au bois dormant. Ce serait rudement chic de pouvoir s'offrir une promenade par là-bas ; mais voilà, il faudrait de l'argent, beaucoup... » | ||
p. 63 |
« Bah ! il est trop niais, il épousera la petite Rosémilly. » | ||
p. 64 |
Jean, d'une nature douce et tendre, très ému, balbutiait : | ||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre II | ||
Chapitre II, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
pp. 64-65 |
Faites le portrait moral et physique de M. Marowsko. | ||
p. 67 |
Pierre, enfin, presque malgré lui : | ||
p. 68 |
« Dans ce cas-là on laisse aux deux frères également, je vous dis que ça ne fera pas un bon effet. » | ||
Questions ou réflexions | 1. Comment Pierre se sent-il en ce début de chapitre ? |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre II |
||
Chapitre III, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 68 - 72 |
Continuez le portrait de Pierre. Qu'est-ce qui provoque ses sautes d'humeur ? | ||
p. 73 |
Décrivez l'appartement qui retient l'attention de Pierre ? | ||
p. 74 |
il avait vécu ainsi pourtant, sans
souffrir aussi cruellement du vide de l'existence et de son inaction. Et voilà que, tout à coup, cette vie, supportée jusqu'ici, lui devenait odieuse, intolérable. |
||
p. 74 |
« Cristi ! si j'avais de l'argent ! » | ||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre III | ||
Chapitre III, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 75 |
c'est déjà quelque
chose de dire « tu » à une femme, quand on souffre. Il se mit à songer aux femmes. |
||
p. 75 |
Comme il aurait voulu connaître une femme, une vraie femme ! | ||
p. 75 |
Il se sentait maintenant à l'âme un besoin de s'attendrir, d'être embrassé et consolé. | ||
p. 77 |
Les femmes, se disait-il, doivent nous apparaître dans un rêve ou dans une auréole de luxe qui poétise leur vulgarité. | ||
p. 78 |
Maintenant il se répétait cette phrase : « Ça n'est pas étonnant qu'il te ressemble si peu. » | ||
p. 78 |
Et puis comment ces honnêtes gens auraient-ils soupçonné une pareille ignominie ? | ||
p. 79 |
L'émotion qu'il ressentit à l'idée de ce soupçon jeté sur sa mère fut si violente qu'il s'arrêta et qu'il chercha de l'œil un endroit pour s'asseoir. | ||
Questions ou réflexions | 1. À qui Pierre a-t-il besoin de se comparer ? (pp. 69 / 71) Et qui ressort toujours avantagé par la comparaison ? |
p. 80 | Moi, voyez-vous, depuis que je ne navigue plus, je me donne comme ça, chaque jour, avant dîner, deux ou trois coups de roulis artificiel ! J'y ajoute un coup de tangage après le café, ce qui me fait grosse mer pour la soirée. Je ne vais jamais jusqu'à la tempête par exemple, jamais, jamais, car je crains les avaries. | ||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre III | ||
Chapitre III, 3ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 84 |
Pierre, soudain, rencontra l'œil de Mme Rosémilly ; il était fixé sur lui, limpide et bleu, clairvoyant et dur. Et il sentit, il pénétra, il devina la pensée nette qui animait ce regard, la pensée irritée de cette petite femme à l'esprit simple et droit, car ce regard disait : « Tu es jaloux, toi. C'est honteux, cela. » | ||
p. 85 |
Pierre, sans y songer, buvait beaucoup. Nerveux et agacé, il prenait à tout instant, et portait à ses lèvres d'un geste inconscient la longue flûte de cristal où l'on voyait courir les bulles dans le liquide vivant et transparent. Il le faisait alors couler très lentement dans sa bouche pour sentir la petite piqûre sucrée du gaz évaporé sur sa langue. | ||
p. 86 |
(il regardait Mme Rosémilly) | ||
p. 87 |
« Un frère... vous savez... un de ceux qu'on ne
retrouve plus... nous ne nous quittions pas... il dînait à la maison
tous les soirs... et il nous payait de petites fêtes au théâtre...
je ne vous dis que ça... que ça... que ça... Un ami, un
vrai... un vrai... n'est-ce pas, Louise ? » Sa femme répondit simplement : « Oui, c'était un fidèle ami. » |
||
Questions ou réflexions | 1. Montrez comment l'auteur s'y prend pour diviser son chapitre. |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre III |
||
Chapitre IV, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 88 |
Il se pouvait que son imagination seule, cette imagination qu'il ne gouvernait point, qui échappait sans cesse à sa volonté, s'en allait libre, hardie, aventureuse et sournoise dans l'univers infini des idées, et en rapportait parfois d'inavouables, de honteuses, qu'elle cachait en lui, au fond de son âme, dans les replis insondables, comme des choses volées ; il se trouvait que cette imagination seule eût créé, inventé cet affreux doute. | ||
pp. 88-89 |
Il se suspectait lui-même, à présent, interrogeant, comme les dévots leur conscience, tous les mystères de sa pensée. |
||
p. 89 |
et il se résolut à se montrer gentil pour tout le monde, en commençant par son père dont ces manies, les affirmations niaises, les opinions vulgaires et la médiocrité trop visible l'irritaient sans cesse. | ||
p. 89 |
« Mon Pierrot, tu ne te doutes pas comme tu es drôle et spirituel, quand tu veux bien. » | ||
p. 90 |
et la Perle semblait animée d'une vie propre, de la vie des barques, poussée par une force mystérieuse cachée en elle. | ||
p. 91 |
L'avant ouvrait la mer, comme le soc d'une charrue folle, et l'onde soulevée, souple et blanche d'écume, s'arrondissait et retombait, comme retombe, brune et lourde, la terre labourée des champs. À comparer à Marine de Rimbaud (Illuminations 1873). Rappelez-vous que le livre date de 1888. | ||
p. 91 |
Un vapeur charbonnier de Liverpool était à l'ancre attendant la marée ; | ||
p. 91 |
Pendant trois heures, Pierre, tranquille, calme et content, vagabonda sur l'eau frémissante, gouvernant, comme une bête ailée, rapide et docile, cette chose de bois et de toile qui allait et venait à son caprice, sous une pression de ses doigts. | ||
p. 91 |
Il rêvassait, comme on rêvasse sur le dos d'un cheval ou sur le pont d'un bateau | ||
p. 91 |
Comment se termine cette première partie du chapitre IV ? | ||
p. 92 |
« V'là d'la brume, m'sieur Pierre, faut rentrer. » | ||
Questions ou réflexions | 1. Comment Pierre se sent-il en ce début de chapitre ? et pourquoi ? (pp. 87-89) |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre IV |
||
Chapitre IV, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 94 |
Pierre, qui mangeait des flageolets et les piquait un à un avec une pointe de sa fourchette, comme s'il les eût embrochés, reprit : | ||
p. 94 |
Elle chercha quelque temps en effet,
puis d'une voix sûre et tranquille : « C'était en cinquante-huit, mon gros. Pierre avait alors trois ans. Je suis bien certaine de ne pas me tromper, car c'est l'année où l'enfant eut la fièvre scarlatine, et Maréchal, que nous connaissions encore très peu, nous a été d'un grand secours. » |
||
p. 96 |
Ce n'était plus
la jalousie maintenant qui lui faisait chercher cela, ce n'était plus
cette envie un peu basse et naturelle qu'il savait cachée en lui et qu'il
combattait depuis trois jours, mais la terreur d'une chose épouvantable,
la terreur de croire lui-même que Jean, que son frère était
le fils de cet homme ! Non, il ne le croyait pas, il ne pouvait même se poser cette question criminelle ! |
||
pp. 97 et 104 |
Il lui fallait la lumière, la certitude, il fallait dans
son cœur la sécurité complète, car il n'aimait que sa
mère au monde. « Le nom du navire ? » Et dans le brouillard la voix du pilote debout sur le pont, enrouée aussi, répondit : « Santa-Lucia. |
||
p. 97 |
Alors il chercha dans sa mémoire, avec une tension désespérée de toute sa pensée, de toute sa puissance intellectuelle, à reconstituer, à revoir, à reconnaître, à pénétrer l'homme, cet homme qui avait passé devant lui, indifférent à son cœur, pendant toutes ses années de Paris. | ||
pp. 98 et 104 |
En approchant du port il entendit vers la pleine mer
une plainte lamentable et sinistre, pareille au meuglement d'un taureau, mais
plus longue et plus puissante. C'était le cri d'une sirène, le
cri des navires perdus dans la brume. Un frisson remua sa chair, crispa son cœur, tant il avait retenti dans son âme et dans ses nerfs, ce cri de détresse, qu'il croyait avoir jeté lui-même. Une autre voix semblable gémit à son tour, un peu plus loin ; puis tout près, la sirène du port, leur répondant, poussa une clameur déchirante. Pierre gagna la jetée à grands pas, ne pensant plus à rien, satisfait d'entrer dans ces ténèbres lugubres et mugissantes. Comme il passait devant une tourelle auprès du mât des signaux, le cri strident de la sirène lui partit dans la figure. Sa surprise fut si violente qu'il faillit tomber et recula jusqu'au parapet de granit. Il s'y assit, n'ayant plus de force, brisé par cette commotion. Regardez le Cri d'Edvard Munch qui date de 1893. |
||
pp. 98 et 104 |
ni le feu rouge du phare sur la jetée sud / et aperçut son œil rouge | ||
p. 104 |
Et Pierre se leva, frémissant d'une telle fureur qu'il eût voulu tuer quelqu'un ! Son bras tendu, sa main grande ouverte avaient envie de frapper, de meurtrir, de broyer, d'étrangler ! Qui ? tout le monde, son père, son frère, le mort, sa mère ! | ||
Questions ou réflexions | 1. Quelle est la question que Pierre pose à ses parents ? (p. 93) 2. Quel détail important découvrons-nous sur Louise ? (p. 94) 3. Pourquoi Pierre ne pose-t-il pas sa dernière question ? (« Puisqu'il m'a connu le premier, qu'il fut si dévoué pour moi, puisqu'il m'aimait et m'embrassait tant, puisque je suis la cause de sa grande liaison avec mes parents, pourquoi a-t-il laissé toute sa fortune à mon frère et rien à moi ? » (pp. 94-95) 4. Comment la brume de l'après-midi se transforme-t-elle à la page 95 ? 5. La visite chez Marowsko apporte-t-elle quelque chose ? (pp. 95-96) 6. Un artiste fait partie de son temps. Il est nécessairement curieux des nouvelles techniques qui voient le jour. Alors quelle "technique" semble-t-il utiliser pour écrire le passage qui aboutira à la révélation du visage de M. Maréchal ? 7. Que souhaite faire Pierre après sa découverte ? Pourquoi ? (p. 105) 8. Que pensez-vous de l'espoir que Pierre formule à la fin du chapitre ? 9. Qui est le narrateur ? |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre IV |
||
Chapitre V, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 106 |
Il se sentait traîné par sa logique, comme par une main qui attire et étrangle, vers l'intolérable certitude. | ||
p. 107 |
Il ne songeait plus guère maintenant au vain respect de l'opinion publique. Il aurait voulu que tout le monde accusât sa mère pourvu qu'il la sût innocente, lui, lui seul ! Comment pourrait-il supporter de vivre près d'elle, tous les jours, et de croire, en la regardant, qu'elle avait enfanté son frère de la caresse d'un étranger ? | ||
p. 107 |
Ah ! les remords ! les remords ! ils
avaient dû, jadis, dans les premiers temps, la torturer, puis ils s'étaient
effacés, comme tout s'efface. Comparez avec les "remords" de Baudelaire dans Au lecteur(premier quatrain). |
||
p. 107 |
Est-ce que toutes les femmes, toutes, n'ont pas cette faculté d'oubli prodigieuse qui leur fait reconnaître à peine, après quelques années, l'homme à qui elles ont donné leur bouche et tout leur corps à baiser ? | ||
p. 108 |
et il fut crispé par cette idée, comme si elle venait seulement de jaillir en lui, que ces deux hommes qui ronflaient dans ce même logis, le père et le fils, n'étaient rien l'un à l'autre ! Aucun lien, même le plus léger, ne les unissait, et ils ne le savaient pas ! Ils se parlaient avec tendresse, ils s'embrassaient, se réjouissaient et s'attendrissaient ensemble des mêmes choses, comme si le même sang eût coulé dans leurs veines. Et deux personnes nées aux deux extrémités du monde ne pouvaient pas être plus étrangères l'une à l'autre que ce père et que ce fils. | ||
p. 108 |
le vrai fils | ||
p. 111 |
le baiser faux | ||
p. 112 |
et il lui semblait tout à coup qu'il ne l'avait jamais vue. | ||
p. 112 |
Il comprenait à présent que, l'aimant, il ne l'avait jamais regardée. | ||
p. 114 |
Et la Seine descendant de Rouen semblait un large bras de mer séparant deux terres voisines. | ||
p. 114 |
De loin, elle avait l'air d'un long jardin plein de fleurs éclatantes. Sur la grande dune de sable jaune, depuis la jetée jusqu'aux Roches Noires, les ombrelles de toutes les couleurs, les chapeaux de toutes les formes, les toilettes de toutes les nuances, par groupes devant les cabines, par lignes le long du flot ou dispersées ça et là, ressemblaient vraiment à des bouquets énormes dans une prairie démesurée. Regardez la plage de Trouville par Boudin (1873), l'entrée du port de Trouville par Monet et Trouville et les Impressionnistes. |
||
p. 115 |
Toutes ces toilettes multicolores
qui couvraient le sable comme un bouquet, ces étoffes jolies, ces ombrelles
voyantes, la grâce factice des tailles emprisonnées, toutes ces
inventions ingénieuses de la mode depuis la chaussure mignonne jusqu'au
chapeau extravagant, la séduction du geste, de la voix et du sourire,
la coquetterie enfin étalée sur cette plage lui apparaissaient
soudain comme une immense floraison de la perversité féminine.
Toutes ces femmes parées voulaient plaire, séduire, et tenter
quelqu'un. Elles s'étaient faites belles pour les hommes,
pour tous les hommes, excepté pour l'époux qu'elles n'avaient
plus besoin de conquérir. Elles s'étaient faites belles pour l'amant
d'aujourd'hui et l'amant de demain, pour l'inconnu rencontré, remarqué,
attendu peut-être. Et ces hommes, assis près d'elles, les yeux dans les yeux, parlant la bouche près de la bouche, les appelaient et les désiraient, les chassaient comme un gibier souple et fuyant, bien qu'il semblât si proche et si facile. Cette vaste plage n'était donc qu'une halle d'amour où les unes se vendaient, les autres se donnaient, celles-ci marchandaient leurs caresses et celles-là se promettaient seulement. Toutes ces femmes ne pensaient qu'à la même chose, offrir et faire désirer leur chair déjà donnée, déjà vendue, déjà promise à d'autres hommes. Et il songea que sur la terre entière c'était toujours la même chose. |
||
p. 115 |
Sa mère avait fait comme les autres, voilà tout ! Comme les autres ? - non ! Il existait des exceptions, et beaucoup, beaucoup ! Celles qu'il voyait autour de lui, des riches, des folles, des chercheuses d'amour, appartenaient en somme à la galanterie élégante et mondaine ou même à la galanterie tarifée, car on ne rencontrait pas, sur les plages piétinées par la légion des désœuvrées, le peuple des honnêtes femmes enfermées dans la maison close. Regardez la Maison Tellier de Maupassant et comprenez l'ironie toute voltairienne de cette phrase à la chute si cruelle. |
||
Questions ou réflexions | 1. Se souvient-on d'un nuage ? (p. 108) Que pensez-vous de cette question ? |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre V | ||
Chapitre V, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 117 |
Il avait les nerfs tellement surexcités qu'il eut envie de répondre par un juron. | ||
p. 118 |
« Tu as des arguments par comparaison qui semblent pris dans les maximes d'un moraliste. » | ||
p. 118 |
et il se croyait en effet entré tout à coup dans une famille inconnue. | ||
pp. 118 et 119 |
Sa famille ! Depuis deux jours une main inconnue et malfaisante, la main d'un mort, avait arraché et cassé, un à un, tous les liens qui tenaient l'un à l'autre ces quatre êtres. Voir la Main d'écorché de Maupassant (1875) et la Main (1883) toujours de Maupassant. |
||
p. 119 |
Plus de mère, car il ne pourrait plus la chérir, ne la pouvant vénérer avec ce respect absolu, tendre et pieux, dont a besoin le cœur des fils ; plus de frère, puisque ce frère était l'enfant d'un étranger ; il ne lui restait qu'un père, ce gros homme, qu'il n'aimait pas, malgré lui. | ||
p. 120 |
Mais oui, elle l'avait trompé dans sa tendresse, trompé dans son pieux respect. | ||
p. 120 |
L'amour de l'homme et de la femme est un pacte volontaire où celui qui faiblit n'est coupable que de perfidie ; mais quand la femme est devenue mère, son devoir a grandi puisque la nature lui confie une race. Si elle succombe alors, elle est lâche, indigne et infâme. Voir race d'Aaron, race de Jacob, race de David, etc. Le mot a ici un sens biblique. |
||
p. 121 |
« Va donc chercher ce portrait, ma chatte, puisque tu as fini de manger. Ça me fera plaisir aussi de le revoir. » | ||
p. 122 |
Et quel caractère égal ! Je ne lui ai jamais vu de mauvaise humeur. | ||
p. 123 |
Il se disait, torturé et satisfait pourtant : « Doit-elle souffrir en ce moment, si elle sait que je l'ai devinée ! » Et à chaque retour vers le foyer, il s'arrêtait quelques secondes à contempler le visage blond de Maréchal, pour bien montrer qu'une idée fixe le hantait. Et ce petit portrait, moins grand qu'une main ouverte, semblait une personne vivante, méchante, redoutable, entrée soudain dans cette maison et dans cette famille. | ||
Questions ou réflexions | 1. Quelles réflexions préoccupent Pierre au début de cette deuxième partie ? |
||
Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre V | ||
Chapitre VI, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 125 |
- Oh ! quelqu'un que tu n'as pas connu, et que j'aimais trop. » Retrouvez le sens biblique du verbe : que dire alors de la réplique de Pierre ? | ||
p. 125 |
- Non, c'est pis, perdue. | ||
p. 126 |
À quoi ça te sert-il d'être docteur alors, si tu ne t'aperçois même pas que ta mère est indisposée ? Mais regarde-la, tiens, regarde-la. Non, vrai, on pourrait crever, ce médecin-là ne s'en douterait pas ! » | ||
p. 126 |
« Allons, dit-il d'une voix froide, laisse-toi soigner puisque tu es malade. » | ||
p. 127 |
Et il lui semblait que son cœur à lui se soulageait à la voir ainsi torturée, que cette douleur allégeait son ressentiment, diminuait la dette d'opprobre de sa mère. | ||
p. 127 |
Il la contemplait comme un juge satisfait de sa besogne. | ||
p. 127 |
Il guettait sur sa figure les intermittences de repos, et, avec des ruses de tortionnaire, réveillait par un seul mot la douleur un instant calmée. | ||
p. 128 |
Et il souffrait autant qu'elle, lui ! Il souffrait affreusement de ne plus l'aimer, de ne plus la respecter et de la torturer. | ||
p. 128 |
Oh ! comme il aurait voulu pardonner, maintenant ! mais il ne le pouvait point, étant incapable d'oublier. | ||
p. 128 |
il frappait malgré lui, ne pouvant garder la phrase perfide qui lui montait aux lèvres. | ||
p. 129 |
C'était l'époque des récoltes mûres. | ||
p. 130 |
et dans les champs attaqués par les faux, on voyait les hommes se balancer en promenant au ras du sol leur grande lame en forme d'aile. | ||
p. 129 |
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Questions ou réflexions | 1. Le chapitre commence avec Pierre qui fait une tête d'enterrement. Qui dit-il qu'il enterre ? |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre VI | ||
Chapitre VI, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 132 |
Jean, l'œil allumé, regardait fuir devant lui la cheville mince, la jambe fine, la hanche souple et le grand chapeau provocant de Mme Rosémilly. | ||
pp. 138-139 |
Ils se turent. Et il s'étonnait, lui, au contraire qu'elle fût si peu troublée, si raisonnable. Il s'attendait à des gentillesses galantes, à des refus qui disent oui, à toute une coquette comédie d'amour mêlée à la pêche, dans le clapotement de l'eau ! Et c'était fini, il se sentait lié, marié, en vingt paroles. Ils n'avaient plus rien à se dire puisqu'ils étaient d'accord et ils demeuraient maintenant un peu embarrassés tous deux de ce qui s'était passé, si vite, entre eux, un peu confus même, n'osant plus parler, n'osant plus pêcher, ne sachant que faire. |
||
p. 139 |
Elle était restée d'abord seule avec Pierre sur la plage, car ils n'avaient envie ni l'un ni l'autre de s'amuser à courir dans les roches et à barboter dans les flaques ; et pourtant ils hésitaient à demeurer ensemble. Elle avait peur de lui, et son fils avait peur d'elle et de lui-même, peur de sa cruauté qu'il ne maîtrisait point. | ||
pp. 140 et 141 |
« Je m'instruis. J'apprends comment on se prépare
à être cocu. » « Ah ! ah ! ah ! La droiture même ! Toutes les femmes sont la droiture même... et tous leurs maris sont cocus. Ah ! ah ! ah ! » |
||
p. 141 |
Alors Jean la guida, la soutint, lui expliquant la pêche pour qu'elle y prît intérêt. | ||
p. -- |
Puis, quand elle se fut essuyé les yeux, où des larmes étaient venues, elle aperçut là-bas sur la plage un corps étendu sur le ventre, comme un cadavre, la figure dans le galet : c'était l'autre, Pierre, qui songeait, désespéré. | ||
Questions ou réflexions | 1. En quoi le nouveau portrait de Mme Rosémilly se montre-t-il érotique ? (p. 131) |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre VI | ||
Chapitre VII, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 144 |
« Si l'humanité seule, si ce sentiment de bienveillance naturelle que nous éprouvons pour toute souffrance devait être le mobile de l'acquittement que nous sollicitons de vous, nous ferions appel à votre pitié, Messieurs les jurés, à votre cœur de père et d'homme ; mais nous avons pour nous le droit, et c'est la seule question du droit que nous allons soulever devant vous... » | ||
p. 147 |
L'autre rit plus fort : | ||
Questions ou réflexions | 1. À quoi fait penser le décor de l'appartement ? Comment l'auteur s'y prend-il pour accentuer cet effet ? (pp. 143-144) |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre VII | ||
Chapitre VII, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 152 |
Il n'était pas un juge, lui, même un juge miséricordieux, il était un homme plein de faiblesse et un fils plein de tendresse. | ||
p. 152 |
l'autre | ||
p. 153 |
Elle se souleva, s'assit, le regarda, et avec un de ces efforts de courage qu'il faut, en certains cas, pour se tuer, elle lui dit : | ||
p. 154 |
« Non, mon pauvre garçon, ça n'est plus possible. Ce soir tu pleures, et demain tu me jetterais dehors. Tu ne me pardonnerais pas non plus. » | ||
p. 154 |
« Non, mon petit Jean. Tu ne me pardonnerais pas demain. Tu le crois et tu te trompes. Tu m'as pardonné ce soir, et ce pardon-là m'a sauvé la vie ; mais il ne faut plus que tu me voies. » | ||
p. 155 |
- Non, je te le jure. Et puis, écoute : si tu pars, je m'engage et je me fais tuer. » | ||
p. 156 |
« Mon enfant... tâchons d'être calmes et de ne pas nous attendrir. Laisse-moi te parler d'abord. Si je devais une seule fois entendre sur tes lèvres ce que j'entends depuis un mois dans la bouche de ton frère, si je devais une seule fois voir dans tes yeux ce que je lis dans les siens, si je devais deviner rien que par un mot ou par un regard que je te suis odieuse comme à lui... une heure après, tu entends, une heure après... je serais partie pour toujours. | ||
p. 157 |
pour cela il faut, non pas que tu me pardonnes - rien ne fait plus de mal qu'un pardon -, mais que tu ne m'en veuilles pas de ce que j'ai fait... Il faut que tu te sentes assez fort, assez différent de tout le monde pour te dire que tu n'es pas le fils de Roland, sans rougir de cela et sans me mépriser !... | ||
p. 157 |
Pour que nous puissions encore vivre ensemble, et nous embrasser, mon petit Jean, dis-toi bien que si j'ai été la maîtresse de ton père, j'ai été encore plus sa femme, sa vraie femme, que je n'en ai pas honte au fond du cœur, que je ne regrette rien, que je l'aime encore tout mort qu'il est, que je l'aimerai toujours, que je n'ai aimé que lui, qu'il a été toute ma vie, toute ma joie, tout mon espoir, toute ma consolation, tout, tout, tout pour moi, pendant si longtemps ! Ecoute, mon petit : devant Dieu qui m'entend, je n'aurais jamais rien eu de bon dans l'existence, si je ne l'avais pas rencontré, jamais rien, pas une tendresse, pas une douceur, pas une de ces heures qui nous font tant regretter de vieillir, rien ! Je lui dois tout ! Je n'ai eu que lui au monde, et puis vous deux, ton frère et toi. Sans vous ce serait vide, noir et vide comme la nuit. Je n'aurais jamais aimé rien, rien connu, rien désiré, je n'aurais pas seulement pleuré, car j'ai pleuré, mon petit Jean. | ||
p. 157 |
Je m'étais donnée à lui tout entière, corps et âme, pour toujours, avec bonheur, et pendant plus de dix ans j'ai été sa femme comme il a été mon mari devant Dieu qui nous avait faits l'un pour l'autre. | ||
p. 158 |
et je ne le renierai jamais, et je t'aime parce que tu es son enfant, et je ne pourrais pas avoir honte de lui devant toi ! Comprends-tu ? Je ne pourrais pas ! Si tu veux que je reste, il faut que tu acceptes d'être son fils et que nous parlions de lui quelquefois, et que tu l'aimes un peu, et que nous pensions à lui quand nous nous regarderons. | ||
p. 158 |
« Oui, mais Pierre ? Qu'allons-nous devenir avec lui ? » | ||
p. 159 |
Alors il lui fit boire de l'eau sucrée, respirer de l'alcali, et il lui lava les tempes avec du vinaigre. | ||
p. 159 |
Elle se laissait faire, brisée et soulagée comme après un accouchement. | ||
p. 159 |
Elle monta, à pas furtifs, l'escalier silencieux, entra dans sa chambre, se dévêtit bien vite, et se glissa, avec l'émotion retrouvée des adultères anciens, auprès de Roland qui ronflait. | ||
Questions ou réflexions | 1. Le texte oppose la morale de Pierre à la morale de Mme Roland. Expliquez-en les différences. 2. Que pensez-vous de cette scène d'avœu ? (On l'appelle aussi "scène de confession".) 3. Qui est le narrateur ? Est-il toujours le même ? |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre VII | ||
Chapitre VIII, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 160 |
Il n'était point frappé, comme l'avait été Pierre, dans la pureté de son amour filial, dans cette dignité secrète qui est l'enveloppe des cœurs fiers, mais accablé par un coup du destin qui menaçait en même temps ses intérêts les plus chers. | ||
p. 161 |
Le choc reçu par sa sensibilité avait été assez fort pour emporter, dans un irrésistible attendrissement, tous les préjugés et toutes les saintes susceptibilités de la morale naturelle. | ||
p. 162-163 |
Mais une idée soudain l'assaillit : - Cette
fortune qu'il avait reçue, un honnête homme la garderait-il ? 1. Expliquez le cheminement de la pensée de Jean. Source : - Question sur l'héritage Bac de français - Chapitre VIII |
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p. 163 |
Cette affaire délicate une fois réglée, il revint à la question de la présence de Pierre dans la famille. Comment l'écarter ? Il désespérait de découvrir une solution pratique, quand le sifflet d'un vapeur entrant au port sembla lui jeter une réponse en lui suggérant une idée. | ||
pp. 163-164 |
Vers neuf heures il sortit pour s'assurer si l'exécution de son projet était possible. |
||
p. 164 |
Jean s'avança, la main ouverte, et quand il sentit se refermer sur ses doigts l'étreinte paternelle du vieillard, une émotion bizarre et imprévue le crispa, l'émotion des séparations et des adieux sans espoir de retour. | ||
p. 166 |
mais il ne sentit point les lèvres sur sa peau, et il se redressa, le cœur battant, après ce simulacre de caresse. | ||
p. 166 |
Il était envahi maintenant par un besoin de fuir l'intolérable, | ||
p. 167 |
Roland fit un « bigre ! » suivi d'un sifflement qui témoignaient d'un profond respect pour la somme et pour le capitaine. | ||
p. 168 |
Pierre, qui avait levé les yeux, rencontra ceux de son frère, et le comprit. | ||
p. 168 |
« Il y a des jours où il faut savoir tout sacrifier, et renoncer aux meilleurs espoirs. | ||
p. 170 |
Elle murmura : « Le pauvre garçon ! - Pourquoi ça, le pauvre garçon ? Il ne sera pas malheureux du tout sur la Lorraine. |
||
pp. 172-173 |
Les murs, tapissés de papier à
fleurs, portaient quatre gravures achetées par le premier mari, le capitaine.
Elles représentaient des scènes maritimes et sentimentales. On
voyait sur la première la femme d'un pêcheur agitant un mouchoir
sur une côte, tandis que disparaît à l'horizon la voile qui
emporte son homme. Sur la seconde, la même femme, à genoux sur
la même côte, se tord les bras en regardant au loin, sous un ciel
plein d'éclairs, sur une mer de vagues invraisemblables, la barque de
l'époux qui va sombrer. Rapprochez ce passage du commentaire sur les lecteurs que passe Maupassant dans sa préface de Pierre et Jean : Le lecteur, qui cherche uniquement dans un livre à
satisfaire la tendance naturelle de son esprit, demande à l'écrivain
de répondre à son goût prédominant, et il qualifie
invariablement de remarquable ou de bien écrit l'ouvrage ou le
passage qui plaît à son imagination idéaliste, gaie, grivoise,
triste, rêveuse ou positive. |
||
p. 173 |
Les rideaux blancs, immaculés, |
||
p. 174 |
« Non, Monsieur, je ne change jamais d'avis, moi. » | ||
p. 175 |
Elle avait perdu un fils, un grand fils, et on lui rendait à la place une fille, une grande fille. | ||
p. 175 |
La même rougeur couvrit soudain les joues de la mère et du fils. | ||
p. 175 |
Mme Rosémilly, nullement surprise, souriait, jugeant cela bien naturel, car le bonhomme comptait si peu. | ||
p. 176 |
Elle changeait l'ordre établi pour chercher des arrangements plus harmonieux, qui plaisaient davantage à son œil de ménagère ; |
||
p. 176 |
Il se leva, prit vivement cette relique douloureuse et, traversant l'appartement, alla l'enfermer à double tour, dans le tiroir de son bureau. | ||
Questions ou réflexions | 1. La vérité sur la nature de Jean se révèle dans ce chapitre avec la lecture de la question portant sur l'héritage. Quelle est-elle ? (pp. 162-163) |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre VIII | ||
Chapitre IX, 1ère partie : | |||
Analyse | |||
p. 177 |
Sa première émotion fut celle du condamné à mort à qui on annonce sa peine commuée ; | ||
p. 177 |
Un remords le harcelait d'avoir dit cette chose à Jean. Il se jugeait odieux, malpropre, méchant, et cependant il était soulagé d'avoir parlé. | ||
p. 179 |
Mais lorsque Pierre eut quitté son collègue et se retrouva dans la rue, une tristesse nouvelle s'abattit sur lui, et l'enveloppa comme ces brumes qui courent sur la mer, venues du bout du monde et qui portent dans leur épaisseur insaisissable quelque chose de mystérieux et d'impur comme le souffle pestilentiel de terres malfaisantes et lointaines. | ||
p. 179 |
il n'avait pas éprouvé encore cette détresse de chien perdu qui venait soudain de le saisir. | ||
p. 179 |
Jusqu'alors elle s'était sentie protégée, cette chair, par le mur sordide enfoncé dans la terre qui le tient, et par la certitude du repos à la même place, sous le toit qui résiste au vent. Maintenant, tout ce qu'on aime braver dans la chaleur du logis fermé deviendrait un enfer et une constante souffrance. | ||
p. 180 |
Et il se trouvait condamné à cette vie de forçat vagabond, uniquement parce que sa mère s'était livrée aux caresses d'un homme. | ||
p. 180 |
C'était, au fond de lui, un besoin honteux de pauvre qui va tendre la main, un besoin timide et fort de sentir quelqu'un souffrir de son départ. | ||
p. 183 |
gentil Retrouvez dans le texte les noms modifiés par "gentil". |
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p. 183 |
Le docteur songea en les voyant passer : « Bienheureux les simples d'esprit. » | ||
p. 184 |
et j'ai passé chez le tailleur pour les habits ; mais n'as-tu besoin de rien autre, de choses que je ne connais pas, peut-être ? » | ||
p. 184 |
Sa mère, en la recevant de ses mains, le regarda pour la première fois depuis bien longtemps, et elle avait au fond des yeux l'expression si humble, si douce, si triste, si suppliante des pauvres chiens battus qui demandent grâce. | ||
p. 185 |
Une heure plus tard il était étendu dans son petit lit marin, étroit et long comme un cercueil. | ||
Questions ou réflexions | 1. Pierre est harassé par le jugement des autres. Relevez le passage. Que révèlent ces questions ? (p. 177-178) |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre IX | ||
Chapitre IX, 2ème partie : | |||
Analyse | |||
p. 187 |
Il la regarda. Elle était en noir, comme si elle eût porté un deuil, et il s'aperçut brusquement que ses cheveux, encore gris le mois dernier, devenaient tout blancs à présent. | ||
p. 189 |
Elle se dressa, fit un pas vers son fils et lui tendit, l'une après l'autre, deux joues de cire blanche, qu'il baisa sans dire un mot. | ||
p. 190 |
c'était un de ces jours secs et calmes d'automne, où la mer polie semble froide et dure comme de l'acier. | ||
p. 190 |
Mme Roland prit son mouchoir dans sa poche et le posa sur ses yeux. | ||
p. 190 |
c'est le Neptune qui la tire... | ||
p. 191 |
emporté soudain par un élan patriotique se mit à crier : « Vive la Lorraine ! » | ||
p. 191 |
cet enfantement d'une grande ville maritime qui donnait à la mer sa plus belle fille. Mais elle, dès qu'elle eut franchi l'étroit passage enfermé entre deux murs de granit, se sentant libre enfin, abandonna son remorqueur, et elle partit toute seule comme un énorme monstre courant sur l'eau. | ||
p. 191 |
Et Mme Roland éperdue, affolée, tendit les bras vers lui, et elle vit son fils, son fils Pierre, coiffé de sa casquette galonnée, qui lui jetait à deux mains des baisers d'adieu. | ||
p. 192 |
Sur ce bateau que rien ne pouvait arrêter, sur ce bateau qu'elle n'apercevrait plus tout à l'heure, était son fils, son pauvre fils. Et il lui semblait que la moitié de son cœur s'en allait avec lui, il lui semblait aussi que sa vie était finie, il lui semblait encore qu'elle ne reverrait jamais plus son enfant. | ||
p. 193 |
mais elle ne vit plus rien qu'une petite fumée grise, si lointaine, si légère qu'elle avait l'air d'un peu de brume. | ||
Questions ou réflexions | 1. Retrouvez les classes sociales et les commentaires de Pierre sur elles. Étudiez-en le vocabulaire. (pp. 186-187) |
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Vocabulaire | Quizlet de vocabulaire Chapitre IX | ||