Maupassant
(Guy de) Ecrivain français 1850-1893
Maupassant,
un homme énigmatique, Marie-Claire Bancquart
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Guy de Maupassant Sommaire Maupassant, un homme énigmatique Bibliographie Maupassant à l’écran Marie-Claire Bancquart “ J’ignore la pudeur physique de la façon la plus absolue, mais j’ai une excessive pudeur de sentiment. ” 1 - Jeunesse normande Mme de Maupassant mère, née Laure Le Poittevin (1821-1903), d’ancienne famille normande, est cultivée et sensible. Malheureusement, depuis son mariage, elle développe des troubles névrotiques : migraines, crises nerveuses, seront son lot. Elle vivra des journées enfermée dans le noir ; elle tentera de se suicider à l’aide de ses longs cheveux. Maupassant, toute sa vie, sera très attentif à sa mère : séjours auprès d’elle, lettres nombreuses. Le frère de Laure, Alfred, mort en 1848, fut le camarade d’études et intime ami de Flaubert (“ Quand il (Flaubert) me reçut, il me dit, en m’examinant avec attention : “Tiens, comme vous ressemblez à mon pauvre Alfred” (...) il me dit d’une voix vibrante de l’intonation du passé : “Embrassez-moi, mon garçon, ça me remue le cœur de vous voir. J’ai cru tout à l’heure que j’entendais parler Alfred.” ” Maupassant, L’Echo de Paris, 24 novembre 1890). Le père de Maupassant, Gustave de Maupassant (1821-1899), est d’origine lorraine. Sa famille s’est installée en Normandie à la génération précédente. Laure Le Poittevin, entichée de noblesse, lui en a fait rechercher les origines. Un Maupassant a été anobli en Lorraine en 1752. Gustave a obtenu le droit de porter la particule le 9 juillet 1846. Le mariage avec Laure a lieu le 9 novembre 1846 (À son tour, Guy de Maupassant se montrera attentif à sa généalogie). Gustave de Maupassant se révèle léger, volage, dépensier. Guy naît le 5 août 1850 au château de Miromesnil, selon toute vraisemblance : celui-ci a été loué par ses parents en 1849. Laure de Maupassant s’y serait transportée peu de temps avant son accouchement, tenant à ce que son enfant naisse en noble demeure. D’aucuns font naître Guy au domicile plus humble de ses grands-parents, à Fécamp, rue Sous-le-Bois (actuel quai Guy de Maupassant). En 1856 lui naît un frère, Hervé, cette fois au château de Grainville-Ymauville près du Havre. En 1859, le père, ayant trop dépensé, doit exercer un métier ; il est employé, puis associé à un agent de change parisien. Guy fréquente fugitivement le lycée Napoléon (aujourd’hui Henri IV) à Paris. En 1860, ses parents se séparent, après des scènes dont Guy semble avoir été très marqué (voir le récit “ Garçon, un bock ! ”). Devenu adulte, il marque parfois de l’opposition, souvent une sorte de mépris à son père, avec lequel il ne rompt cependant jamais. Les enfants restent à Étretat avec Mme de Maupassant, dans la villa des Verguies. Maupassant fait d’abord des études avec sa mère et un abbé, vivant le reste du temps avec les petits paysans et pêcheurs. Il est en 1863 envoyé en pension à l’institution ecclésiastique d’Yvetot, dont l’atmosphère pieuse et renfermée ne lui convient guère. Il s’en fait renvoyer en 1868 après des incartades, sous prétexte qu’il a écrit des vers inconvenants. Il va alors en pension au lycée Corneille, à Rouen. Son “ correspondant ” est le poète Louis Bouilhet, auteur de Melaenis (1853), Les Fossiles (1854), etc., le plus intime ami encore vivant de Flaubert. Celui-ci, vieil ami des Le Poittevin, est plein de bienveillance envers Guy (mais il n’y a pas de raison de croire qu’il soit son père, comme le bruit en courut. Guy a bien le même type physique que lui, mais c’est aussi celui de Bouilhet : un type normand très caractéristique. L’amitié ancienne pour Alfred Le Poittevin suffit à expliquer la sympathie de Flaubert). Maupassant s’attache aux deux amis, assiste aux réunions littéraires chez Flaubert, à Croisset, s’essaye aux vers. Bouilhet meurt le 18 juillet 1869. Guy est bachelier le 27 juillet. Outre ces deux écrivains, dont l’influence est fondamentale — Maupassant s’est toute sa vie proclamé le disciple de Flaubert —, le jeune Guy a connu en 1866 à Étretat le poète anglais Ch. A. Swinburne qui faisait scandale par sa réputation d’homosexuel et de sadique — il avait d’ailleurs baptisé sa maison “ Chaumière de Dolmancé ”, d’après Sade (Swinburne est “ un Poe idéaliste et sensuel ”, selon la préface de Maupassant à une traduction des Odes et Ballades de Swinburne, 1891). Et Maupassant a vu en 1868 Courbet peindre La Vague dans une maison d’Étretat, sur la falaise. Paris, pour commencer des études de droit. C’est la guerre de 1870. Maupassant est versé à Rouen, dans l’intendance ; il est pris dans la débâcle des armées françaises, et s’en souviendra toujours avec horreur. De retour à Paris ; puis à Rouen, pendant la Commune de Paris. Son père lui trouve un remplaçant ; il est démobilisé en novembre 1871. 2 - Paris des employés, du canotage, des débuts littéraires 1872 : Guy de Maupassant, après bien des démarches, est surnuméraire au Ministère de la Marine ; 1873, il est employé à 125 F par mois ; en 1878, il gagne 2 000 F par an, plus 600 F donnés par son père, et “ tire le diable par la queue ”. A cette époque, il passe au ministère de l’Instruction publique. Il y reste jusqu’en 1880, puis se met en congé (il est rayé des cadres en 1882). Canotage : Chatou, Bougival, Argenteuil, en 1873 (il est surnommé “ Joseph Prunier ” dans son groupe d’amis) ; puis 1875, à Bezons. Il loue une chambre à l’auberge Poulin. Joyeuse vie ; des filles, prouesses sexuelles. Les effets d’une syphilis se font sentir dès 1877. Cure à Loèche-les-bains. Il fréquente les milieux littéraires : Flaubert (à Croisset et à Paris : rue Murillo jusqu’en 1875, puis 240, rue du Faubourg Saint-Honoré), et, par l’entremise de Flaubert, Tourgueniev (dont il écrit : “ Il sait composer en quelques pages une œuvre absolue, grouper merveilleusement les circonstances et tracer des figures vivantes, palpables, saisissantes ” Le Gaulois, 21 novembre 1880), Edmond de Goncourt (lui et son frère mort jeune, “ fouilleurs du passé, fouilleurs de la vie, fouilleurs de la langue ”, écrit Maupassant). D’autre part il connaît Zola (“ dont le nom sonore et glorieux résonne en ce moment à tous les coins du monde, au milieu de la haine exaspérée des uns, de l’indignation vraie ou feinte des gens du monde (...) et de l’admiration frénétique d’un grand nombre ”. Les dimanches d’un bourgeois de Paris, 1880). En 1877, dîner chez Trapp, avec les jeunes Huysmans, Céard, Hennique, Alexis, Mirbeau, en l’honneur des trois maîtres : Flaubert, Goncourt, Zola. Maupassant écrit une pochade pornographique, La feuille de rose, maison turque, représentée en 1875 en petit comité. Des pièces, refusées par les théâtres. Des contes, non signés de son nom. Des vers publiés en 1879 dans une revue lui valent des poursuites. Enfin, en avril 1880, voici la publication des Soirées de Médan, recueil collectif patronné par Zola, dans lequel figure Boule de Suif. Flaubert, très sévère jusqu’alors pour le travail de Maupassant, avait écrit à sa nièce le 1er février qu’il s’agissait d’un chef-d’œuvre. A peine Maupassant reconnu écrivain par le succès de Boule de Suif, Flaubert meurt en mai 1880. Grande tristesse de Maupassant, qui a vu peu de temps auparavant Flaubert brûler, une nuit, à Croisset, d’anciennes correspondances. Croisset demeure un lieu privilégié pour lui. Maupassant s’éloigne vite du groupe naturaliste. Il reste disciple de Flaubert par son “ originale impersonnalité ” ; “ Je ne crois pas plus au naturalisme et au réalisme qu’au romantisme ” (lettre à Alexis, 17 janvier 1877). 3 - Maupassant chroniqueur, nouvelliste, romancier, voyageur Chroniqueur : au quotidien Le Gaulois, de 1880 à 1888. Au quotidien Gil Blas, dès 1881 ; plus épisodiquement au Figaro. Tous ses récits paraissent dans les journaux avant d’être réunis en volume. Souvent, ils sont inspirés par l’actualité. L’importance de la littérature dans les journaux d’alors est très grande : certains publient chaque jour plusieurs chroniques ou contes, et un ou deux feuilletons romanesques d’auteurs vivants. C’est aussi dans les journaux que Maupassant a publié plusieurs comptes rendus des Salons de peinture. Il s’est rendu en Algérie, en juillet-août 1881, comme envoyé spécial du Gaulois, au moment des soulèvements indigènes dans le Sud-Oranais. Une énorme production de récits. Les recueils sont : La maison Tellier, 1881 ; Mademoiselle Fifi, 1882 ; Contes de la bécasse, Clair de lune, 1883 ; Miss Harriett, Les sœurs Rondoli, Yvette, 1884 ; Contes du jour et de la nuit, 1885 ; La petite Roque, Monsieur Parent, Toine, 1886 ; Le Horla, 1887 ; Le rosier de Madame Husson, 1888 ; La main gauche, 1889 ; L’inutile beauté, 1890. Une énorme production romanesque : Une vie, 1883 ; Bel-Ami, 1885 ; Mont-Oriol, 1887 ; Pierre et Jean, 1888 ; Fort comme la mort, 1889 ; Notre cœur, 1890. Canotage. (Maupassant loue à Sartrouville une chambre chez Levanneur, en 1881-1884 ; il loue une villa à Triel en 1889.) En 1883, il se fait construire la villa “ La Guillette ” à Étretat. Voyages : à Cannes, près de sa mère malade, en 1884 ; il séjourne ensuite l’hiver à Cannes régulièrement jusqu’en 1890. À Antibes, où son frère essaie une exploitation agricole, en 1885, 86, 87. Maupassant possède un yacht, Le Bel-Ami, à partir de 1885. Il fait des croisières : par exemple en avril 1888 en Méditerranée. Autres voyages : en Afrique du Nord, en 1887, 88, 89, 90 ; en Corse avec sa mère, en 1880 ; en Italie (Venise, Rome, Naples, la Sicile) en 1885, et en 1889 (Livourne, Pise, Florence). Recueils sur ses voyages : Au Soleil, 1884 ; Sur l’eau, 1888 ; La vie errante, 1890. Domiciles parisiens : 1880-1884, 83, rue Dulong ; 1884-1889, 10, rue de Montchanin (aujourd’hui rue Jacques-Bingen), au rez-de-chaussée d’un hôtel possédé par son cousin : il s’y fait installer un cabinet de travail éclairé à l’électricité et très orné ; 1889-1890, 14, avenue Victor-Hugo ; 1890, 24, rue de Boccador, plus une garçonnière avenue Mac-Mahon. Maupassant devient riche. Ainsi, ses chroniques lui sont payées 200 à 300 F chacune ; en 1889, on estime qu’il gagne 120 000 francs par an (comparer avec son salaire de 1878 !) À partir de 1885 (Bel-Ami), les contes mettent en scène des gens du monde. C’est que Maupassant a peu à peu pénétré dans ce monde, dont il déteste d’ailleurs l’artificialité et la bêtise, et fréquente des femmes qui ont des salons réputés : Hermine Lecomte du Noüy en 1883 (une “ amitié amoureuse ”, au moins), la comtesse Potocka vers 1884 (belle, excentrique, autoritaire et indépendante : il fait partie de son étrange cercle des “ Macchabées ”, les hommes qui sont “ morts ” d’amour pour elle, et portent un insigne ; des lettres de 1889 le montrent épris, soumis, fasciné) ; Marie Kann, sa maîtresse ; sa sœur Mme Cahen d’Anvers. Maupassant fréquente chez Mme Emile Straus, veuve de Georges Bizet, à partir de 1885 : un milieu que Proust a bien connu, Mme Straus étant un modèle de Mme de Guermantes. D’autres femmes, certaines humbles, comme Joséphine Litzelmann, donneuse d’eau à Chatelguyon, dont Maupassant a des enfants non reconnus (Lucien 1883, Lucienne 1884, Marthe 1887) ; une danseuse de l’Opéra en 1888-1890 ; Gisèle d’Estoc, lesbienne d’autre part, femme qui écrit et sculpte. D’autres ; mais on prête facilement à cet écrivain riche en aventures féminines (une mystérieuse “ dame en gris ”, du monde, dont parle son valet François Tassart). Le frère de Maupassant, Hervé, instable, causant de grands soucis à sa famille, successivement sous-officier, employé, agriculteur, devient fou peu à peu en 1887-88, est interné à Lyon en 1889, meurt à l’asile le 13 novembre de cette année. C’est Maupassant, déchiré, qui s’est occupé des soins et de l’internement. Lui-même est malade des signes tertiaires de la syphilis, et d’hérédité nerveuse : migraines, vertiges, troubles de la vue, alopécie, neurasthénie alternant avec des périodes d’exaltation, hallucinations. Présents depuis 1877, ces signes s’aggravent, causant à Maupassant des souffrances considérables à partir de 1888. Soigné au mercure, au bromure, aux excitants, il se drogue en outre à l’opium et à l’éther. Il prend des eaux à Chatelguyon, Aix, Plombières, Luchon, Divonne, à partir de 1883. Peu de contes à partir de 1889. Débuts de romans, restés inachevés, en 1890 et 1891 : L’âme étrangère, L’angélus. Dépression en 1891, tentative de suicide en janvier 1892. Internement à la maison de santé du Dr Blanche (le fils du Dr Esprit Blanche, qui soigna Gérard de Nerval). Maupassant meurt le 6 juillet 1893, après une lente dégradation. Il est enterré au cimetière Montparnasse. Caractère de l’œuvre Oublier les clichés Longtemps, une image toute faite de Maupassant a voilé la véritable portée de son œuvre : Maupassant ? Un homme à femmes, un joyeux canoteur, un amateur d’histoires de chasse. Et si clair, si net dans ses récits, que l’agrément de les lire est total. Faits pour le délassement, puisqu’ils suscitent la gaieté, et pour l’enseignement de la langue, puisqu’ils sont si aisés et classiques, ils ne vont cependant pas jusqu’à la “ grande littérature ”. On classe Maupassant parmi les petits maîtres du réalisme ; quelques récits fantastiques comme Le Horla s’expliquent par la folie dans laquelle a sombré l’écrivain. Quant à Maupassant romancier, c’est bien connu, il n’a pas été à la hauteur de Maupassant nouvelliste... Une œuvre sombre Des clichés, Maupassant n’est pas le seul auteur français à en avoir été la victime. Ils ont sévi dans tous les domaines de la littérature : Gérard de Nerval a bel et bien passé pour un poète de second plan jusque dans les années 1930. A vrai dire, un lecteur de bonne foi n’a pas de mal à constater que très peu des récits de Maupassant sont conformes à l’image qu’on en donnait naguère encore. Dans l’ensemble, ils sont noirs, même si leur pessimisme s’exprime à travers un sourire. Par exemple, dans les Contes normands dont on célèbre la saveur du terroir et le pittoresque, la cruauté perce souvent. Pour un conte franchement drôle comme La bête à Maît’Belhomme, où toute une diligence s’égaie de trouver une fourmi dans l’oreille d’un paysan, que de contes où s’expriment la dérision universelle, et la tristesse de la vie ! Un paysan est calomnié, il meurt parce qu’on l’a vu ramasser une ficelle (La ficelle), un aubergiste tue d’alcool une femme pour avoir son bien (Le petit fût), le gros Toine, devenu paralytique, est forcé par sa femme à couver des œufs et battu s’il bouge (Toine). Il en va de même dans toute l’œuvre de Maupassant. Une partie de campagne, gaieté, amour charnel qui triomphe, tableau à la Renoir ? Mais seulement si l’on veut oublier la fin du récit, qui nous montre la jolie héroïne, un an après, “ l’air triste ”, assise dans le même paysage près du garçon “ aux cheveux jaunes ”, dormant “ comme une brute ”, auquel on l’a mariée. La belle journée, unique dans sa vie, n’est plus qu’un terrible regret. Quant aux romans de Maupassant, ils montrent des femmes à la vie manquée (Une vie), des hommes qui souffrent (à partir de Pierre et Jean), un grand monde sans noblesse (les deux derniers romans), la force brutale de l’argent dans la société (Bel-Ami, Mont-Oriol). Puissance sensuelle, joie de vivre Pourtant, un lieu commun ne s’établit pas sans raison, et si celui du “ joyeux Maupassant ” a pu faire tant de ravages, c’est que cette œuvre est pleine d’un appétit de vivre, d’un élan pour sentir la nature, pour goûter l’amour physique, qui donnent une vigueur poétique et sensuelle aux choses et aux êtres. Maupassant saisit le monde avec une force de primitif. Il en perçoit et en célèbre les détails heureux. “ Je suis une espèce d’instrument à sensations (...) J’aime la chair des femmes, du même amour que j’aime l’herbe, les rivières, la mer ” (à Gisèle d’Estoc, janvier 1881). Quoiqu’il ait reçu une bonne culture, ce n’est pas un “ intellectuel ”, à la différence de la plupart des écrivains français : les sensations ne lui parviennent pas filtrées par les livres, et les systèmes d’idées lui paraissent très pauvres, à côté des “ courtes et bizarres et violentes révélations de la beauté ” dont il vit et vibre (lettre à Jean Bourdeau, 1889). Superbes descriptions de la Seine chatoyante, de Rouen vu de haut, du Paris des boulevards, des femmes aux petits cheveux frisottant sur la nuque, d’un repas fin, d’un meuble rare. Impression que nous avons de happer avec lui le plaisir, de nous laisser pénétrer par un paysage... Retournement : un monde en perte. “ Je suis de la famille des écorchés ” Mais cette faculté de jouir, n’est-elle pas justement l’indice d’une aptitude hors du commun à recevoir toutes les sensations, à souffrir par conséquent des tristesses et des médiocrités ? Maupassant est un homme sans illusion, qui est tôt persuadé du caractère passager du bonheur, et voit la mort s’insinuer en toute chose. S’il est une vision du monde avec laquelle il s’accorde, c’est bien celle de Schopenhauer, plusieurs fois cité dans ses lettres et ses récits (Auprès d’un mort) : néant des attachements, perte irrémédiable où va le monde. De son cher Étretat, il écrit à sa mère, en janvier 1881 : “ J’ai froid plus encore de la solitude de la vie que de la solitude de la maison. Je sens cet immense égarement de tous les êtres, le poids du vide. Et au milieu de cette débandade de tout, mon cerveau fonctionne, lucide, exact, m’éblouissant avec le Rien éternel. ” Les salons, dans lesquels il a peu à peu pénétré, ne suscitent en lui qu’éloignement. Il y reste silencieux et distant. “ Dans un salon, je souffre dans tous mes instincts, dans toutes mes idées, dans toutes mes sensibilités, dans toute ma raison ” (même date, à Gisèle d’Estoc). “ Convictions, idées et morale d’imbéciles ”, assure-t-il encore à Mme du Noüy, en 1886. Il méprise le monde politique ; il trouve dérisoire, mais pitoyable, le monde des petits fonctionnaires, dont il fut. Les femmes lui sont chair à plaisir, il en change sans cesse, mais l’usage et abus de ses appétits toujours vifs se retourne contre lui ; la syphilis le mine. Puis, certaines lui inspirent des sentiments toujours marqués par l’inquiétude : attachement pour Mme Leconte du Noüy, crainte et attirance pour Mme Potocka, Mme Kann, intelligentes, “ rosses ” et brillantes. “ J’ai un pauvre cœur orgueilleux et honteux, un cœur humain, ce vieux cœur humain dont on rit, mais qui s’émeut et fait mal et dans la tête aussi, j’ai l’âme des Latins qui est très usée. Et puis il y a des jours où je ne pense pas comme ça, mais où je souffre tout de même, car je suis de la famille des écorchés. ” (1890, à une destinataire inconnue). Malignité du monde L’extrême acuité des sens est donc par elle-même source de malheur autant que de plaisir, et cette ambivalence se marque dans les récits de Maupassant. La Seine des insouciants canotiers est aussi celle des trahisons (La femme de Paul) et des suicides (Lettre trouvée sur un noyé). Les brasseries si animées, si drôles dans Bel-Ami sont aussi des lieux où des solitaires blessés par la vie mènent une existence isolée (Garçon, un bock ! ; Monsieur Parent). Rouen est le lieu d’enfance chéri par Bel-Ami, mais aussi le théâtre des terreurs du Horla et de Qui sait ? La fille qu’on choisit comme une viande se révèle être le propre enfant du narrateur, ainsi devenu incestueux (L’ermite). L’enfant naturel, l’enfant adultérin, autant de pièges de la nature : fruits d’étreintes qu’on croyait brèves, ils souffrent, font souffrir, tuent leurs parents retrouvés. Le petit, L’enfant, Un fils, Un parricide, Monsieur Parent, Pierre et Jean, autant de témoignages d’une véritable obsession pour Maupassant. Tout dans le monde recèle finalement du noir et de la mort : la joie se retourne ; c’est toujours la misère qui triomphe. Maupassant est, comme son maître Flaubert, un lecteur de Sade. Il rencontre ce grand contre-moraliste dans l’idée que la nature nous veut du mal, est mal agencée pour l’homme. “ Ah, le pauvre corps humain, le pauvre esprit, quelle saleté, quelle horrible création. Si je croyais au Dieu de vos religions quelle horreur sans limites j’aurais pour lui ! ”, écrit-il à Mme Potocka après avoir rencontré son frère fou. Ce n’est pas un sentiment de circonstance. Dans L’Inutile Beauté, nous lisons : “ Sais-tu comment je conçois Dieu : comme un monstrueux organe créateur inconnu de tous, qui sème dans l’espace des milliards de mondes, ainsi qu’un poisson unique pondrait des œufs dans la mer. Il crée parce que c’est sa fonction de Dieu : mais il est ignorant de ce qu’il fait, stupidement prolifique, inconscient des combinaisons de toutes sortes produites par ses germes éparpillés. La pensée humaine est un heureux petit accident des hasards de ses fécondations, un accident local, passager, imprévu, condamné à disparaître avec la terre (...) Nous lui devons d’être très mal en ce monde qui n’est pas fait pour nous. ” Ainsi que Sade, Maupassant a été attiré par les descriptions cruelles, comme tenté lui-même, ainsi qu’il le dit dans Sur les chats, tandis que l’amère pitié est au contraire le ton de certaines œuvres, comme Une vie. Place du fantastique On peut accumuler les éléments qui font connaître le terrain névrotique sur lequel se construit toute l’œuvre de Maupassant : hérédité lourde du côté de sa mère, impression d’abandon produite par la séparation des parents, syphilis brochant là-dessus et parvenant au stade tertiaire, avec des traitements à la fois calmants et excitants, et l’usage de la drogue pour calmer la douleur. Maupassant est un cyclothymique passant par des alternances d’excitation et de dépression. Mais comment croire que le conteur fantastique soit chez lui un produit de la maladie ? Du conte pessimiste, du conte cruel, au conte fantastique, il n’y a pas loin, car le fantastique de Maupassant vient du cœur et des choses, il suinte de l’univers, il est la fine pointe de la réalité. Mais le lecteur français est tellement méfiant devant l’irrationnel qu’il voudrait à toute force le caser dans une catégorie spéciale, le rendre inoffensif : voyez, c’est un fou qui écrit des histoire de folie ; nous pouvons les lire sans être entamés par elles ! Pareille assertion ne résiste pas à l’examen. Dans la courte et si remplie carrière littéraire de Maupassant, les contes fantastiques sont présents dès le début (“ Sur l’eau ” fait partie de La maison Tellier, “ Fou ? ” de Mademoiselle Fifi) et connaissent un maximum de fréquence en 1885-1886, le moment du Horla, pour diminuer en nombre ensuite, comme si Maupassant avait précisément reculé devant des récits qui mettraient en scène un destin dont il sentait qu’il serait le sien. Il n’a pas donné de place spéciale à ses contes fantastiques, qu’il a fait paraître dans des recueils où ils avoisinaient des récits dits “ réalistes ”. Et quand il les a écrits, il n’était pas “ fou ”. Il maîtrisait parfaitement son sujet et son écriture ; il prenait distance. Le moment où Maupassant sombre dans la folie, c’est précisément celui où il cesse d’intéresser la littérature : il hésite, il commence des romans, restés inachevés ; puis il n’écrit plus rien, toute création artistique procédant d’un contrôle dont il est désormais incapable. Les contes fantastiques sont l’indice d’un tempérament sensible jusqu’à la souffrance ; mais pour expliquer leur talent, le talent, ce tempérament ne saurait servir de fil conducteur. Élevé dans les mêmes conditions, atteint du même mal, mort à l’asile trois ans avant Maupassant, son frère Hervé n’a jamais rien écrit. Récits fantastiques Le temps de Maupassant est celui où, à la suite du choc de la défaite de la France en 1870, et de l’orientation de la philosophie et de la science, les écrivains et la société qui les lit passent par une crise de conscience collective. Négation ou usure des valeurs religieuses et morales, fin de l’anthropocentrisme, idée que nos sens sont imparfaits et nos connaissances relatives, sont à l’origine d’un mal de vivre, d’un “ ennui fin de siècle ” plus forts que le “ mal du siècle ” des romantiques, car il englobe la nature et l’amour dans un sentiment de néant. Névroses, recours à la drogue, aux diverses expériences sexuelles, parfois refuge cherché dans des sectes religieuses, c’est le temps d’une société lasse et violente qui ressemble en bien des points à la nôtre. Beaucoup d’écrivains sont alors des auteurs de récits fantastiques, d’ailleurs très réussis, qui témoignent d’une certaine culture de la névrose, d’une volonté d’établir un malaise chez le lecteur en faisant appel à des situations extrêmes : Jean Lorrain, avec ses histoires de drogue et de masques ; Remy de Gourmont, dans ses Histoires magiques (1895) où règnent le sexe et la mort ; Catulle Mendès avec ses Monstres parisiens (1882). Les récits fantastiques de Maupassant, presque toujours, au contraire, sont vraisemblables : si l’on considère que Le Horla procède d’une croyance alors très répandue dans l’existence d’êtres d’une constitution différente de la nôtre et supérieure à elle, et qu’il utilise en somme une science-fiction, il n’est guère que le récit Qui sait ? pour nous montrer un événement “ impossible ” : des meubles qui se déménagent tout seuls de leur maison. Ailleurs, les faits sont plausibles, et ils nous sont souvent garantis par la qualité du narrateur, homme sérieux, médecin ou juge. Nous avons vu que le tempérament, l’expérience de Maupassant l’incitaient à croire que l’inexplicable n’a pas à être artificiellement suscité : il est bien suffisamment maître de notre cœur et de notre terre. C’est un fantastique intérieur qu’il pratique. Le héros de ces récits est la plupart du temps un homme sans souci particulier, qui vit heureux, bien portant, qui n’est torturé ni par ses nerfs, ni par son intelligence, jusqu’à ce que le hasard (toujours mauvais chez Maupassant) lui présente une affreuse vérité. Il vit dans un décor ordinaire, et l’on ne trouve pas chez Maupassant de ces châteaux hantés, de ces paysages d’horreur qui font le cadre du fantastique d’épouvante. Mais peu à peu, les objets quelconques se révèlent porteurs d’une charge de terreur : une carafe, une rose, un livre prouvent l’existence du Horla. Le secrétaire amoureusement cherché et acheté contient une chevelure de perdition. Persuadé que notre identité est floue, que les limites de notre personnalité sont toujours difficiles à définir et menacées, Maupassant fonde ses récits fantastiques sur les risques d’aliénation constants de notre être. D’abord par l’autre, sous sa forme la plus proche : la femme aimée. En étant infidèle, en étant malade, en mourant, elle révèle à l’homme qu’il est mortel, et qu’il est un mortel parmi d’autres (Animaux compris. C’est d’un cheval que la femme est amoureuse, c’est ce cheval que tue le mari qui parle dans Fou ? ). Dans Un cas de divorce, le mari s’éloigne de sa femme pour s’adonner à un monstrueux amour des fleurs de sa serre. Dans La tombe, l’amant déterre sa maîtresse morte pour la voir encore et garder “ comme on garde le parfum d’une femme après une étreinte d’amour, l’odeur immonde de cette pourriture ”. Mais ces cas sont extrêmes. Dans la relation amoureuse la plus ordinaire, on risque aussi d’être possédé, mangé par l’autre : magie noire qui empoisonne ce qui devrait être la source même du bonheur. Proche de la longue chevelure est l’eau mouvante des rivières, qui charrie l’angoisse, parfois la mort : la Seine de Sur l’eau, d’Histoire d’un chien, du Horla, par opposition à la mer qui garde au contraire une valeur apaisante. Elle est opaque et dissolvante. La rivière de la Brindille offre au viol le corps de la petite Roque. Dans la rivière, on se suicide. Elle suscite cet être supérieur aux hommes et qui va les réduire à néant ou en esclavage : le Horla, qui ne vit d’ailleurs que d’eau ou de lait. La liquidité de la pluie ronge les nerfs du héros de Lui ?, errant dans les rues de Paris. L’eau trompe ; elle est inconnaissable comme la femme ; elle nous dépossède de nous-mêmes par ses reflets. De même le miroir, présent dans Fini, Adieu, et dans le Horla où il prouve paradoxalement l’existence du Horla parce qu’il ne reflète plus rien, l’être venu d’ailleurs ayant un autre indice de réfraction que les choses de la terre. Le fantastique de Maupassant est celui du double, cet autre qui veille en nous tous, sournoisement, et qui surgit grâce aux autres, pour nous montrer que nous ne savons pas comment nous situer par rapport à nous-mêmes, dans ce monde mal fait. De là une abondance de points d’interrogation dans les titres de ces récits. Qui voit son double, comme dans Lui ?, qui perd son double, comme dans le Horla, est menacé dans son intégrité. Il sait qu’il est condamné à l’inconnaissable, au néant. Ce peut être vous ou moi : on s’assimile facilement au héros de ces récits. C’est pourquoi certains voudraient se rassurer en se disant qu’ils sont l’œuvre d’un malade. Maupassant met en cause la notion de “ folie ”, car le fou est celui qui a vu juste, qui est lucide. On ne le guérira pas de la vérité. C’est lui qui a raison contre l’aliéniste, odieux s’il considère le “ fou ” avec mépris (Mademoiselle Cocotte, La chevelure), bon s’il se rallie finalement à la vision de son “ malade ” (le Horla 1) Femmes Considérées au début par Maupassant comme entièrement dépendantes de leur physiologie, et ne devant être estimées que par rapport à elle. “ Herbert Spencer me paraît dans le vrai quand il dit qu’on ne peut exiger des hommes de porter et d’allaiter l’enfant, de même qu’on ne peut exiger de la femme les labeurs intellectuels. Demandons-lui bien plutôt d’être le charme et le luxe de l’existence ” Le Gaulois, 30 décembre 1880. Une façon polie d’exprimer, à propos du sexe, ce que le personnage de L’Ermite dit crûment : “ Ceux qui n’ont pas aimé poétiquement prennent et choisissent les femmes comme on choisit une côtelette à la boucherie, sans s’occuper d’autre chose que de la qualité de leur chair. ” De nombreuses filles de joie figurent dans les récits de Maupassant, comme elles ont figuré dans sa vie. Elles ont des qualités que n’ont pas les autres femmes : marginales, elles ne perdent rien à donner libre cours à leurs sentiments, et c’est Boule de Suif et Rachel de Mademoiselle Fifi qui sont chargées d’être les repoussoirs de la lâcheté. Autres femmes “ nature ” de l’œuvre de Maupassant, les paysannes de Normandie, qui obéissent le plus souvent à l’instinct du sexe. Le sentiment à l’égard de la femme est considéré comme un leurre. Dès qu’une femme tente de s’attacher l’homme, dès qu’un homme se croit amoureux, on court au malheur. Il y a méconnaissance d’un sexe à l’autre ; la femme trompe, elle est légère, et surtout elle possède une puissance dissolvante terrible. Incertain de son identité, l’homme se sent agressé par l’Autre (voir Récits fantastiques). La femme vampirise. Maupassant n’est pas le seul à la dépeindre ainsi ; c’est courant chez les auteurs de la fin du xixe siècle (par exemple Huysmans) et les peintres (Khnopff) Mais si elle ne connaît pas, ou connaît dans la douleur, ce que Maupassant considère comme son destin de femme, il en fait un personnage qui mérite une grande pitié. C’est Jeanne, malheureuse en mariage et déçue par son fils, dans Une vie. C’est Christiane de Mont-Oriol, vite délaissée par son amant, mais qui connaîtra peut-être une satisfaction de mère. Surtout, ce sont les émouvantes vieilles filles de l’œuvre de Maupassant, passées à côté de la vie : Mademoiselle Perle, Miss Harriett, la tante Lison d’Une vie. Vers 1886-1887, et sous l’influence de ses expériences personnelles, Maupassant évolue. Dans Fort comme la mort et Notre cœur surtout, c’est l’homme qui souffre longuement du fait de la femme, une femme “ moderne ” que Maupassant décrit aussi avec une crainte nouvelle dans le récit L’inutile beauté. Cette femme, raffinée, intelligente, refuse de se laisser dominer par l’homme ; elle est peut-être frigide ; en tout cas elle place sa propre indépendance au-dessus de la satisfaction des sens. Elle est énigmatique pour l’homme, et capable d’inverser les rôles traditionnels des sexes. Normandie Maupassant est, se veut Normand. Une forte race, de vrais paysages opposés à la facticité du monde parisien et de la vie parisienne. Une vie se déroule dans le pays de Caux, Pierre et Jean au Havre. Bel-Ami, originaire de la campagne proche de Rouen, ne montre de sincérité et de fraîcheur que lorsqu’il retourne au pays, ou pense à ses parents : une tendresse qu’il garde même devenu puissant et riche. La seule scène d’amour spontané et partagé de Notre cœur se déroule au Mont-Saint-Michel. Dans ces récits normands, Maupassant met le plus souvent en scène des paysans du pays de Caux, avec lesquels il a vécu sa jeunesse et dont il se sent proche. Il n’en fait ni des misérables, ni des prétextes à idylles champêtres. Ce sont de rudes travailleurs, souvent bons vivants comme le héros d’Un Normand, ou Toine au début du récit, ou le curé de la Bête à Maît’Belhomme. Ils ne manquent jamais de finesse, et pratiquent la farce (Farce normande) dans les occasions de fête, où l’on sait boire, manger et rire : noces et baptêmes. Ils ne sont pas incapables de passion, tel Boitelle tombant amoureux fou d’une négresse rencontrée au Havre, ni de délicatesse dans les sentiments, comme le fermier veuf d’une domestique rongée par un amour platonique (Le Fermier). Mais en général, ils ignorent les interdits sociaux sur l’argent ou la sexualité, ce qui donne lieu à des récits pince-sans-rire, comme La confession de Théodule Sabot ou Tribunaux rustiques. Le mysticisme ne les tourmente pas ; la religion est plutôt un code, et le curé de La maison Tellier n’en est que plus mystifié par l’émotion qui, grâce aux prostituées, se répand dans son église un jour de première communion ! Les filles de la campagne “ fautent ” couramment, et le bâtard n’est pas considéré avec le même blâme que dans le reste de la France de l’époque. Les quelques bourgeois qui paraissent dans ces récits ne sont pas flattés : petite bourgeoisie chiche de Pierrot et de Mon oncle Jules, impitoyable envers l’animal ou le parent déclassé ; bourgeoisie rouennaise prête à toutes les concessions lors de l’invasion allemande, dans Boule de Suif. Ni ces bourgeois, ni ces paysans ne sont poussés au noir par Maupassant, les documents le prouvent. Pour les paysans, du reste, on sent bien que l’auteur éprouve pour eux un sentiment de connivence, et qu’il explique leurs défauts par la tristesse de la condition humaine. Une stylisation de la géographie. Croisset, Rouen, Tôtes sont très exactement décrits ; mais la “ maison Tellier ” est transportée de Rouen à Fécamp, et des noms sont inventés, avec une consonance cauchoise : Rolleport (Aux champs), Tourteville (Boitelle). Une stylisation du langage paysan, avec des vocables “ avalés ” et une syntaxe ramassée, mais peu de mots véritablement patois, qui constitueraient une difficulté pour les lecteurs (en majorité parisiens). Un choix donc, tout comme sont choisies des anecdotes caractéristiques, pour ces courts récits qui doivent frapper. Politique “ Je veux n’être jamais lié à un parti politique, quel qu’il soit, à aucune religion, à aucune secte, à aucune école, ne jamais entrer dans aucune association professant certaines doctrines, ne m’incliner devant aucun dogme, devant aucune prime et aucun principe ” (à Catulle Mendès, 1876). Maupassant n’aime ni les politiciens de la Troisième République (voir Bel-Ami), ni les aristocrates. Mais il ne croit pas non plus qu’une société heureuse soit possible, étant profondément persuadé que le destin de l’homme est mauvais par nature. Cependant, tout abus excessif lui semble digne d’être dénoncé. Il participe en 1882 à une campagne menée dans Le Gaulois en faveur du petit employé misérable et obligé de garder des dehors dignes — ce petit employé dont il se moque d’autre part dans tant de récits, mais dont il connaît la triste vie (peinte d’ailleurs dans des récits tels que La parure ou À cheval). Surtout, la guerre lui paraît atroce. “ Quand j’entends prononcer ce mot : la guerre, il me vient un effarement comme si on me parlait de sorcellerie, d’inquisition, d’une chose lointaine, finie, abominable, monstrueuse, contre nature. ” (Gil Blas, 11 décembre 1883). Il la dénonce directement dans le récit L’horrible, indirectement dans des récits comme Boule de Suif. Travail du récit A préciser d’abord : Maupassant, ainsi que la plupart des écrivains de son temps, emploie “ conte ” et “ nouvelle ” indifféremment. C’est en vain qu’on voudrait en définir deux typologies. Il serait commode d’avoir en français un terme comme le “ récit court ” des Anglais, pour qualifier ces œuvres. Elles sont très travaillées, et leur aspect facile, lisse, ne doit pas faire illusion. Comme dans ses romans, Maupassant suggère. C’est un visuel, un sensuel, dont les images sont groupées de manière à cheminer longuement dans l’esprit du lecteur, après l’avoir frappé dès l’abord : ainsi, les évocations de la nature normande au printemps, ou des boulevards parisiens sous la pluie. Des tableaux de synesthésies. Un travail de stylisation, de choix, de tempos rapides et qu’on sent tels (cinq jours dans Boule de Suif, deux jours dans La maison Tellier, quelques mois dans Le petit fût ). Des métaphores continues, par exemple le langage religieux, commercial, militaire, employé tout au long de La maison Tellier (la lanterne de la maison close est comme celles qu’on allume au pied de certaines madones, les femmes sont des “ recluses ” ; il y a des “ consommateurs ” et un “ personnel ”, Madame fait un “ bon métier ” ; elle conduit son “ régiment ”, sa “ troupe ”, son “ état-major ”). Maîtrise du récit, et soin de sa structure : comparer les deux versions du Horla. Dans la première, il s’agit pour le “ fou ” de convaincre les médecins assemblés près de lui. Le discours est du type “ persuasif ”, avec une exposition, des appels à la bienveillance, une généralisation du cas particulier à la science objective. Le récit est faussement encadré : il s’ouvre, en réalité, car le médecin est prêt dans les dernières lignes à adopter les conclusions du “ fou ” ; rien n’est fini. Dans Le Horla 2, il n’y a plus de médecin ; le récit est donné sous forme d’un journal conduit par la thématique de la dissolution, et construit en redoublement : la partie qui commence le 2 août recommence, mais en accélération, le processus du début. Le “ double ” est donc inscrit dans le texte. Un romancier Les romans de Maupassant font l’objet, actuellement, d’une réévaluation. La diversité de leurs sujets est très grande : elle permet de comprendre toute une part de la vie sociale de la fin du siècle dernier, vie des provinciaux, hommes ou femmes, dans Une vie et Pierre et Jean, des employés, des journalistes et des financiers dans Bel-Ami, des spéculateurs dans Mont-Oriol, des gens du monde et des artistes dans Fort comme la mort et Notre cœur. Pourtant, il ne faudrait pas croire que Maupassant est parti d’un projet qui englobe la société tout entière comme Zola ; notre écrivain se refuse en effet à écrire sur des personnages qu’il ne peut connaître que de l’extérieur, et c’est la raison pour laquelle les classes populaires sont absentes de ses romans. Maupassant n’est pas un naturaliste. Il refuse de travailler sur dossier. C’est un romancier réaliste, dans la mesure où il peint les vérités de la vie, en n’en refusant aucune sous prétexte qu’elle est “ laide ”, car l’art doit traiter de tout (ainsi, Bel-Ami a été un soldat brutal, et demeure un brutal dans ses rapports avec les femmes, qu’il dupe et exploite ; la carcasse d’un vieil âne mort, dans Mont-Oriol, est très longuement décrite, parce qu’elle est un présage funeste pour Christiane, l’héroïne). Maupassant est aussi un réaliste, parce qu’il préfère remplacer les longues analyses psychologiques par l’observation des faits et gestes des personnages, révélatrice, si elle est exacte et fouillée, de leur psychologie. Mais le “ réalisme ” n’est pas du tout une vision extérieure et neutre, chez ce disciple de Flaubert. Dans le développement sur “ Le roman ”, qu’il a placé en tête de Pierre et Jean (et qui n’est pas la préface de ce roman en particulier, mais un article général sur le sujet), Maupassant explique : “ Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. ” Un choix s’impose donc dans les éléments fournis par la vie au romancier. “ Faire vrai consiste à donner l’illusion complète du vrai. ” La réalité, d’autre part, est vue par chacun suivant son tempérament. Il n’y a pas d’art objectif. “ Chacun de nous se fait une illusion du monde (...) Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette illusion avec tous les procédés d’art qu’il a appris et dont il peut disposer. ” Par exemple, Bel-Ami semble au premier abord nous offrir une vision très exacte de la carrière d’un arriviste parisien qui réussit. Que de détails méticuleux ! Les prix des repas, l’examen des costumes, des différents intérieurs, depuis la chambre d’un misérable immeuble de rapport habité par Duroy (le futur “ Bel-Ami ”) quand il est simple employé, jusqu’au somptueux hôtel particulier du banquier Walter dont il finit par épouser la fille... Sans compter la description d’une situation politique qui transpose fidèlement l’affaire tunisienne — expédition coloniale donnant lieu à des spéculations —, replacée ici au Maroc ; et celle de l’exercice du journalisme, dans cette fin du xixe siècle où il n’est même plus nécessaire, pour y réussir, d’être un homme cultivé comme l’étaient au moins les journalistes d’Illusions perdues de Balzac, roman dont l’action est située dans les années 1820. On peut trouver aux personnages de journalistes que nous décrit Maupassant des modèles contemporains tout à fait proches. On peut vérifier en lisant les publications de l’époque tous les renseignements donnés par le romancier. Étude de mœurs, étude historiquement fondée, minutieusement localisée dans les quartiers de Paris, Bel-Ami nous frappe par la sévérité vraie du regard porté sur une époque où l’argent est la grande affaire, et contamine les médias (le journal La vie française est au service des capitaux du banquier Walter), la politique (Walter achète les députés et suscite les crises ministérielles), les sentiments (Duroy, amant de Mme Walter, spécule d’après ses conseils, puis il enlève sans amour sa fille Suzanne afin de faire un riche mariage). Mais on se rend compte que le “ tempo ” de ce roman, en apparence linéaire, est en fait très inégal : certains chapitres couvrent une très brève durée, comme la première soirée de Duroy dans un salon (chapitre II), alors qu’un long intervalle sépare les deux premières parties (entre la mort du journaliste Forestier et le mariage de Duroy avec Madeleine sa femme), et que des chapitres couvrent toute une saison (V, 2e partie). Maupassant a choisi ; il n’a retenu que les épisodes caractéristiques pour l’arriviste et l’amateur de femmes, surnommé par elles “ Bel-Ami ”. Son ascension est fulgurante : employé en 1880, Bel-Ami marche sur les boulevards vers l’église de la Madeleine, avec 3f. 40 en poche ; en 1883, devenu rédacteur en chef de La vie française, il apparaît sur le perron de la Madeleine, lors de son mariage avec la millionnaire Suzanne, et domine ce Paris dont il sera bientôt député. Pour décrire la vitesse de cette ascension, Maupassant n’a pas hésité devant l’invraisemblance ; par exemple, Bel-Ami divorce de sa première femme, ce qui est hors de la chronologie du roman, car le divorce n’a été établi en France qu’en 1884, et il en divorce en trois mois, délai tellement court pour l’époque qu’il est improbable. Il y a donc bien “ illusion ” suscitée chez le lecteur, pour faire mieux sentir combien Paris est vite conquis par un homme sans scrupules. Et le subjectivisme de Maupassant, où le trouve-t-on ? Mais dans le personnage même de Duroy-Bel-Ami, auquel il a donné son propre goût charnel pour les femmes, son appétit de jouissances en tout genre (les bons repas), son amour pour la Normandie, son souci de l’argent (Maupassant était très âpre dans les discussions avec les éditeurs, et il amassa une fortune). Bien entendu, c’est seulement un aspect du tempérament de Maupassant que reflète le personnage ; Bel-Ami n’est, lui, nullement sombre et angoissé, et il n’est pas artiste comme son créateur ; mais celui-ci a donné assez de lui à son personnage pour ressentir envers lui une certaine sympathie, contagieuse pour le lecteur. Nous reconnaissons au brutal Bel-Ami une puissance de tempérament, un violent appétit de vivre. C’est ce qui donne une allure entraînante à un roman d’autre part très noir. Quatre ans après, Maupassant donne avec Fort comme la mort un roman bien différent, qui se déroule dans le monde, entre personnages qui n’ont aucun souci d’argent. C’est ce qui a fait dire que l’écrivain avait écrit un “ roman mondain ” (comme en écrivant Notre cœur, un an après) : on baptise ainsi un roman à la manière de ceux de Paul Bourget, qui se déroulent dans les salons et les lieux fréquentés par la classe aisée, et qui sont tout entiers dédiés à l’étude d’un “ cas ” sentimental. Mais voilà une lecture bien superficielle de Maupassant ! Fort comme la mort est en réalité tout à fait “ antimondain ”, puisque la vie du monde y est considérée comme un piège. Dès le début de l’œuvre, on nous prévient que le personnage principal, le peintre Bertin, a vu son réel talent s’affadir et décliner dès qu’il a été l’objet de l’engouement des salons. L’artifice, quelquefois la perversion du sens, y règnent, dans les conversations, les sentiments qui devraient être d’amitié et d’amour, comme dans les œuvres artistiques. Celles que le public élégant préfère, au Salon de peinture, sont les plus conventionnelles. Ce milieu qui a perdu tout dynamisme vit en circuit fermé. On rencontre les mêmes gens dans les salons, les loges de l’Opéra, la promenade au bois de Boulogne. Si l’on est habité par un sentiment vrai, on ne peut pas l’exprimer. C’est bien le cas de Bertin, dont l’angoisse s’accroît au fil du roman : il se rend peu à peu compte qu’il est amoureux, non plus de sa maîtresse mûrissante, mais de la fille de celle-ci, toute jeune, qui ressemble comme une sœur à sa mère dont il a fait le portrait douze ans auparavant. Lui-même a vieilli. Entre cet homme à cheveux blancs, sa maîtresse grisonnante et le tableau, un jeu de rapports terribles s’établit. La jeune fille, sans le savoir, est au centre du drame : Bertin se suicide de ne pouvoir tuer son amour pour le double jeune de sa maîtresse. Art du raccourci, combinatoire des scènes, mise en place et évolution des personnages, Maupassant n’a pas atteint sa maîtrise sans un travail dont témoignent ses manuscrits, et l’on sera frappé par exemple de la différence d’un même paysage selon qu’il est évoqué dans un conte (“ la légende du Mont Saint-Michel ”) ou dans un roman (Notre cœur), où il contribue par sa beauté libre à faire se déclarer les sentiments des personnages. On aimera aussi la force suggestive de l’écriture de Maupassant, essentiellement fondée sur une transparence à la sensation. Brève et nette dans Bel-Ami, l’expression devient plus lente, plus délicate, dans les romans qui concernent le monde, tout comme un peintre modifierait sa palette selon les sujets. Maupassant est un visuel, et sa vision est subjective. Le roman, œuvre étendue, en témoigne peut-être plus fortement encore que la nouvelle.
Bibliographie Œuvres de Maupassant Sauf indication particulière, les ouvrages indiqués sont édités à Paris. Œuvres complètes - Editions Conard, 1908-1910, par Pol Neveux. - Librairie de France 1934-1938, par René Dumesnil. - Cercle du bibliophile, édition dirigée par Pascal Pia, 1969-1973 (noter les tomes 14, Chroniques littéraires et Chroniques parisiennes, 15, Chroniques inédites, et le tome 16 en trois volumes, Correspondance présentée par Jacques Suffel) Editions collectives - Contes et Nouvelles, édition A.M. Schmidt et - Œuvre romanesque, édition A.M. Schmidt, Albin Michel, 1959. - Chroniques, édition Hubert Juin, U.G.E., 1980. - Boule de Suif et autres contes normands, édition M.-C. Bancquart, Classiques Garnier, 1971 - Le Horla et autres contes cruels et fantastiques, édition M.-C. Bancquart, Classiques Garnier, 1977 - La Parure et autres contes parisiens, édition M.-C. Bancquart, Classiques Garnier, 1984. - Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade : Contes et nouvelles, préface d’A. Lanoux, introduction, établissement du texte et notes par Louis Forestier, t. 1 1974, t. 2 1979 ; Romans, préface, établissement du texte et notes par Louis Forestier. Edition complétée par un Album Maupassant, commenté par Jacques Réda, 1987, qui présente une iconographie. (A ce sujet, consulter aussi le catalogue de l’exposition Sur les pas de Maupassant, musée de Fécamp, 1981). - Contes et nouvelles, collection “ Bouquins ”, Laffont, 1988. Editions commentées d’œuvres séparées, après 1965, en éditions autres que les collections de poche - Bel-Ami, éditions de l’Imprimerie nationale, par Marie-Claire Bancquart, 1979. - Bel-Ami, classiques Garnier, par Daniel Leuwers, 1984. - Pierre et Jean, édition - Maupassant au Maghreb : d’Alger à Tunis, vers Kairouan, Le Sycomore, 1982. - Lettre d’Afrique, La boîte à documents, 1990. - Ecrits sur le Maghreb, Minerve, 1991. - Un bandit corse et autres contes, Librairie Marzocchi, Bastia, 1993. - Lettre d’un fou, présentée par A.C. Gicquel, Le castor Astral, 1993. En collections de poche - Dans la collection “ Folio ”, Gallimard : Une vie, Bel-Ami, Mont-Oriol, Pierre et Jean, Fort comme la mort, Notre cœur ; Boule de Suif, Contes de la bécasse, Contes du jour et de la nuit, le Horla, Madame Baptiste, Mademoiselle Fifi, La maison Tellier, Miss Harriett, Monsieur Parent, La petite Roque, Le rosier de Madame Husson, Sur l’eau, Toine. - Dans le livre de poche, Hachette : Une vie, Bel-Ami, Mont-Oriol, Pierre et Jean, Fort comme la mort ; Boule de Suif, Contes de la bécasse, Contes du jour et de la nuit, le Horla, Mademoiselle Fifi, La maison Tellier, Miss Harriett, La petite Roque, Pierrot et autres contes, Le rosier de Madame Husson. - Dans “ Garnier-Flammarion ” : Une vie, - Dans “Presse-Pocket ” : Une vie, Bel-Ami ; Boule de Suif et autres contes normands, Contes de la bécasse, Le Horla, La maison Tellier. - Dans “ J’ai lu ” : Une vie ; L’ami Maupassant, textes originaux des récits adaptés par TF1. - Dans Lattès poche : Une vie ; Contes de la bécasse. - Dans l’Ecole des loisirs : Histoires fantastiques. - Chez Albin Michel poche : Contes choisis. Éditions récentes - Le Horla de Guy de Maupassant, Edition commentée du manuscrit par Yvan Leclerc, Zulma-CNRS, 1993. - Chroniques et récits de voyages, 5 t., complexe, 1993. - Au salon, chroniques sur la peinture, Balland, 1993. Ouvrages sur Maupassant Biographies Paul Morand, F. Steegmuller R. Dumesnil Armand Lanoux H. Troyat A lire avec prudence, le témoignage du valet de chambre de Maupassant F. Tassart Choix d’études sur l’œuvre R.-W. Artinian et A. Artinian B.-L. Ball M.-C. Bancquart M. Besnard-Coursodon Ph. Bonnefis F. Cardellichio Ch. Castella G. Delaisement J.-R. Dugan A.-J. Greimas M. Mac Namarra U. Mayer G. Pouchain Alberto Savinio A.-M. Schmidt C. Strozynski E.-D. Sullivan A. Vial S. Weipert Collectifs Europe Le Magazine littéraire 1981 Flaubert et Maupassant écrivains normands ; Presses Universitaires de France. 1988 Maupassant, miroir de la nouvelle ; centre culturel de Cerisy, Presses Universitaires de Vincennes, Saint-Denis. Le Magazine littéraire Europe Ouvrages contenant des passages notables sur Maupassant, et quelques articles sur Maupassant (en dehors des ouvrages collectifs) 1973 S. Alexandrescu 1983 M.-C. Bancquart 1977 Ph. Bonnefis 1980 M. Crouzet 1972 L. Forestier 1975 Ch. Grivel 1974 F. Marcoin 1971 D. Sallenave 1968 M. Spaziani Maupassant, Bourget, France, Palerme, U. Manfredi. A l’usage des classes Chez Bordas Chez Hatier Chez Bertrand-Lacoste
Maupassant à l’écran Entre 1908, à peine 13 ans après la naissance officielle du cinématographe, et aujourd’hui, environ 65 contes et nouvelles et 5 romans de Guy de Maupassant ont fait l’objet, dans de nombreux pays, de transpositions sur grand ou petit écran. 1880 - Boule de suif 1881 - La maison Tellier 1881 - Une partie de campagne 1882 - Histoire vraie 1882 -L’enfant 1882 - Ce cochon de Morin 1882 - Madame Baptiste Deux amis 1883 - Une vie 1883 - Les bijoux 1883 - Le père Milon 1883 - Première neige 1884 - La parure 1884 - L’héritage 1884 - La chevelure 1884 - Yvette 1884 - Berthe 1885 - Toine 1885 - Bel ami 1885 - La petite Roque 1886 - Rosalie Prudent 1886 - Le signe 1886 - Le père Amable 1886-1887 - Le Horla 1886 - Mont-Oriol 1887 - Pierre et Jean 1889 - Le port 1890 - Mouche Série Carlo Rim 1961/1963 : Carlo Rim adapte et tourne pour la télévision 13 nouvelles de Maupassant, parmi lesquelles : Le petit professeur, Deux amis, La parure, Le premier rendez-vous, Les bijoux, l’ami Joseph, Les regrets de monsieur Saval... Sur et autour de Maupassant 1955 La Normandie vue par les écrivains et les peintres, court-métrage (réal. Jean Mousselle). 1963 Le dernier matin de Maupassant, court-métrage (réal. Maurice Fasquet) 1969 Les bonnes adresses du passé, télévision (prod. J.J. Bloch). 1982 Maupassant, de l’écrit à l’écran, télévision (réal. J.C. Tertrais) 1987 Chroniques de France : pays de Caux, pays de quoi ?, télévision (réal. C. Santelli).
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