Ronsard (Pierre de) Poète français 1524-1585
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« Un poème est un arrangement de mots, une déformation et reformation du langage quotidien, où le son des mots et le rythme créé par l’agencement successif des mots ont une importance égale à leur sens » (Schofer, Poèmes, Pièces, Prose, p. 5). | |||||||||||
Explication de texte |
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1. Lire le poème à plusieurs reprises
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2. Préparer un schéma et écrire l’explication
B. Les paragraphes suivants
C. Conclusion |
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Étude du texte poétiqueOdelette à son laquais
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Lecture méthodique - Ronsard | |||||||
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COURS |
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1. Situer le texte · GENRE : Ode = forme fixe inspirée de l’Antiquité (poète grec PINDARE, poète latin HORACE). · AUTEUR : Ronsard (1524-1585), chef de file de la Pléiade, il participe avec Du Bellay à la rédaction de Défense et Illustration de la Langue Française. Poète de cour, humaniste. Les quatre premiers livres d’Odes de Ronsard reçoivent un accueil médiocre. Il composera ensuite des recueils de poèmes d’amour à la manière de PETRARQUE (Les Amours de Cassandre 1552) qui lui assureront le succès. Puis il rédigera plusieurs autres recueils de sonnets, en particulier les Sonnets pour Hélène (publiés en 1578). · THEME : La fuite du temps, l’amour de la nature, « Carpe Diem » 2. Lire le texte Ce sont des vers impairs de sept syllabes, et le rythme est celui d’une chanson. Il faut donc scander, sans le faire trop lourdement, chacun des pieds. Attention aux trois diérèses « é-tu-di-é » (v.2) « é-tu-di-er » (v.9) , « vi-an-de » (v.24) et aux e muets « Victime de l’Orque noir / de l’Orque qui… »(v.14 et 15) , « Ores que je suis dispos » (v.33) N.B : le texte est long ; il est donc possible de n’en lire qu’une partie, par ex. les strophes 1, 2 puis 5. 3. Expliquer le texte La structure du texte : Ce plan suit aussi la progression des champs lexicaux. Strophe 1 = Une introduction présentant le thème: J’ai déjà beaucoup, trop étudié. Strophe 2 = La mort est peut-être proche. Strophes 3 et 4 = J’aime les plaisirs simples : le vin, les fruits, les douceurs, l’eau, la nature tranquille en été. Strophe 5 = Une conclusion : il me faut profiter de la vie pendant qu’il en est encore temps. Ce texte présente donc une structure argumentative. On passe de la présentation d’une situation peu enviable, celle de l’éternel étudiant, à une description complaisante des plaisirs auxquels celui-ci aspire. Et la conclusion s’impose alors comme un choix simple. Le vocabulaire : Il faut remarquer les connotations de quelques mots étranges dans ce poème : ARATE : poète et astronome grec. L’humaniste de la Renaissance s’instruit par l’étude de l’Antiquité, dans laquelle il trouve toute la source de la connaissance. (Mais le narrateur n’appartient peut-être pas à cette époque, et pourrait vivre, si l’on considère les autres indices du texte, pendant l’Antiquité grecque ou latine.) ORQUE : dieu des Enfers romain. Le narrateur prend pour sien les dieux de ce monde antique qu’il considère comme un paradis perdu, celui de l’Âge d’or. CORYDON : il va jusqu’à avoir un valet ayant un nom de valet du théâtre latin. Il se fait servir, il donne des ordres, il est précédé par celui-ci… Ronsard ne se contente pas de faire « couleur locale » par le choix d’un vocabulaire tiré de sa connaissance de l’Antiquité. Il situe aussi son personnage hors du temps présent, dans un contexte idéal, celui de la douce vie d’un jeune galant. Les champs lexicaux : Dans les strophes 1, 2 et 5 on retrouve le champ lexical - des études associées à l’ennui : « esprit tout ennuyé » (v.1), « trop étudié »(v.2), « collés sur un livre »(v.7), « l’étudier »(v.10) (N.B : le verbe est ici nominalisé de façon à en faire une notion générale :le fait d’étudier), « ennuyer »(v.10), « soin dessus soin » (v.11) - de la maladie et de la mort : « Victime »(v.14), «l’Orque noir »(v.14), « la maladie »(v.35), « me happant » (v.37), « Meurs »(v.38). - du temps qui passe, champ présent du début à la fin : « trop »(v.2), « il est temps que »(v.4), « jamais souci » (v.8) ,« peut-être / Ou ce matin ou ce soir »(v.12 et 13), « l’été »(v.24), « en été »(v.28), « Ores que » (=Pendant que)(v.33) , « sans repos » (= sans cesse, tout le temps)(v.34) , « un de ces jours »(v.36), « à l’impourvu »(v.37), « trop vécu »(v.38) - de la nature et les plaisirs , abondamment représenté : « je m’ébatte »(v.4), « aux champs »(v.5), « jouer » (v.5), « le bon vin »(v.18), « rafraîchir la bouteille »(v.19), « fleurs »(v.21), « me coucher »(v.22), « friande » (v.23), « abricots »(v.25), « des fraises et de la crème »(v.26), « j’aime »(28), « ruisseau »(v.29), « je les mange »(v.30), « étendu »(v.31), « l’eau »(v.30), « rivage »(v.31), « antre sauvage »(v.31), « rire sans repos »(v.34). N.B : On pourrait ici séparer les verbes des noms. On remarque la passivité du jouisseur étendu dans la nature, presque contemplatif, qui regarde et écoute couler l’eau, et rit béatement… Ce paysage idyllique, pendant la belle saison, montre le goût de Ronsard pour la campagne, ainsi que l’influence de la littérature antique sur sa poésie. D’autre part, il manque peut-être une présence féminine dans le poème : la sensualité est ici limitée aux plaisirs de la table, ce qui permet de ne pas provoquer chez le lecteur ou l’auditeur de réserve morale : le jouisseur ici n’est pas un débauché, mais un homme sain, proche de la nature, qui préfère les fruits à la viande... (note du rédacteur : cette dernière remarque est très… subjective !) Les modes et les temps des verbes : On passe de l’indicatif des deux premières strophes (constat d’un besoin) à l’impératif des strophes 3 et 4 (action, vivacité, mouvement) et on revient aux généralités en fin de poème avec un subjonctif en subordonnée circonstancielle de crainte, décrivant une fin redoutée « De peur que la maladie […] ne me die »(=ne me dise). Le futur d’hypothèse (=conditionnel) « qui voudrait louer ceux…» et le futur simple « nous qui serons peut-être… » présentent des hypothèses plus ou moins probables Quelques figures de style : Antithèse : « Ou ce matin ou ce soir », marque la proximité de la fin, l’urgence. Allégorie : « l’Orque noir ». La mort est un maître cruel et exigeant, qui n’attend pas le bon vouloir de sa victime. Accumulation : Tout le passage « des abricots […] et de la crème » montre que le plaisir se vit dans le luxe, l’abondance, et non dans la restriction ou la tempérance. Le XVIe siècle est encore une période où les famines sont courantes et meurtrières. Le héros de ce texte n’a pas ces problèmes. Allégorie : « la maladie […] ne me die ». Comme la mort, la maladie s’adresse de façon soudaine (« me happant à l’impourvu ») à sa victime et la condamne. 4. Conclure l’étude - L’auteur évoque un thème traditionnel, celui de l’étude savante opposée à l’art de vivre. En épicurien, il nous guide vers le choix de la facilité, de la douceur, du laisser aller, en justifiant avec légèreté ce choix : l’importance de la connaissance n’est jamais évoquée, mais les agréments de la vie facile sont complaisamment décrits. - La description de ces activités estivales est imagée, précise, et nous entraîne dans la rêverie du narrateur. Il est d’ailleurs difficile de faire la part de ce que Ronsard a vécu, de ses goûts personnels, et de ce qui n’est que le fruit de sa culture et de sa connaissance livresque (= prise dans les livres) de l’Antiquité. - Mais une inquiétude subsiste en arrière-plan : s’il faut se hâter de profiter de la vie, c’est que la mort est proche, et qu’il serait dommage de ne pas avoir « vécu » avant de mourir. Il y a donc derrière l’apparente légèreté du propos une leçon à retenir. A voir et à savoir : - La définition de l’ode, genre poétique, et ses origines - La traduction et l’explication de l’expression « Carpe Diem » - La définition de l’épicurisme - La définition de l’humanisme |
Pierre de Ronsard, Les Odes
Source : /pagesperso-orange.fr/jmpetit/cours/poe16.htm