Tout commence avec le soleil et l'apparition des plantes à fleurs. La Terre invente un système stable où quelques éléments circulent en boucle.: oxygène, hydrogène, carbone, azote et, sous sa cloche de gaz, la vie au chaud.
Les plantes produisent de la matière organique ; les feuilles tombent, les animaux meurent.
Comment se déroule la transformation qui va permettre le recyclage de tous ces déchets ? Car il faut bien que les plantes puisent leur nourriture de quelque part ; de même, qu'elles trouvent dans l'atmosphère les éléments pour leur respiration.
Au sol, des milliers d'organismes se nourrissent des fragments de matière morte. La décomposition est la spécialité de certains. Sans eux, la planète serait couverte de déchets qui s'amoncelleraient. La terre n'est pas qu'une matière inerte. Elle abrite la plus grande partie de la vie de notre planète : racines, micro organismes, vers de terre. Avec les bactéries mais aussi les arthropodes, les insectes, leur fonction est la reconstitution perpétuelle du sol.
Les vers de terre constituent à eux-seuls 70% de la masse totale de tous les animaux terrestres, homme compris. Apparus près de 700 millions d'années, ils sont archaïques. C'est un annélidé de la famille des lombriciens. Il en existe plus de 4.000 espèces. De quelques centimètres à plus de 3 mètres en Australie, on en trouve partout sur la surface du globe excepté dans les régions polaires et les déserts. C'est un hermaphrodite qui pond des œufs et peut vivre jusqu'à 6 ans. Il respire par la peau, n'a pas d'yeux mais est sensible à la lumière. Son ouïe très fine lui permet d'entendre arriver ses prédateurs. Il est constitué de 120 anneaux. Des pattes, appelées soies, lui servent à s'accrocher pour avancer. Il est muni d'une bouche et d'un anus reliés par un tube digestif. Pour creuser ses galeries, il avale progressivement la terre devant lui, l'équivalent de son poids par jour. Elle transite dans son tube digestif et se mélange aux débris de matière organique. En déposant ses déjections à la surface du sol ou dans ses galeries, il approvisionne les racines en minéraux et renouvelle la couche d'humus. En dix ans le sol d'une prairie sera entièrement passé par les intestins des lombrics qui l'habitent, aéré, mélangé, enrichi depuis les horizons profonds. Un sol, c'est un écosystème, un équilibre entre composants physiques, chimiques et biologiques.
On a eu tendance à le considérer comme un support dont on pouvait corriger les carrences, une démarche qui a porté ses fruits puisqu'elle a permis de rendre les pays développés

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auto-suffisants. Aujourd'hui, nos préoccupations sont toujours de nous nourrir mais aussi de limiter les effets de notre action sur la planète.
Ainsi, un sol sans vers de terre, c'est un sol qui ne se reconstitue pas. On peut le supplémenter en produits chimiques mais les réserves d'humus s'appauvrissent, l'activité biologique ralentit. En les nourrissant d'engrais, on ne donne à la terre que des matières minérales comme si nous ne nous alimentions que de vitamines. Mais le ver de terre ne fait pas que transporter la matière organique. Il creuse des galeries qui permettent le passage de l'eau, l'aération de la terre et la circulation des racines.
1 m3 (mètre cube) de terre, c'est 500 m de galeries creusées. Elles permettent l'écoulement de 170 ml (millilitres) d'eau à l'heure. Les inondations que l'on connaît dans le Midi, par exemple, sont souvent dues à la diminution des populations de vers de terre, dans les vignes, en particulier, car on y utilise du cuivre, toxique pour eux. C'est tout un système de canalisations naturelles qui disparaît ; le sol est comme bétonné, l'eau ruisselle, la terre s'érode.
Dans la chaîne alimentaire, chacun sert de proie aux uns et aux autres. De 1 à 5 tonnes par hectare, les vers de terre sont une masse de protéines importante pour de nombreux animaux : bécasses, mouettes, blaireaux, taupes, hérissons, sangliers. C'est un gigantesque réservoir de protéines pour plus de 200 espèces.
Faire disparaître le ver de terre ruine le sol et provoque l'érosion. Avant l'intervention de l'homme, le désert constituait 11% de la planète ; il représente maintenant 32% et augmente à la vitesse de 10 millions d'hectares par an, 10 millions d'hectares en moins pour nourrir les hommes, chaque jour, plus nombreux.
Un sol qui s'érode, c'est de la terre qui quitte une parcelle. Elle n'y rentrera plus jamais. Elle ne se renouvellera pas à l'échelle des générations humaines. Victimes des labours profonds et des traitements chimiques, le nombre des vers de terre en sol cultivé est passé de 250 au m2 (mètre carré) à près de 50 en quelques décennies. Comment trouver l'adéquation qui nous permettra de nous satisfaire tout en préservant l'équilibre biologique ? Un équilibre sans lequel le cycle ingénieux que la Terre nous propose depuis des milliers d'années risquerait de ne plus tourner.


L'Université de Poitiers et l'IFFCAM présentent un film de Olivier Barbier :

Les Intestins de la Terre

Durée : 13'14"
Enregistrée : le 21 décembre 2007
Location : Poitiers, France
Permalink : Terre TV

Réalisation : Olivier Barbier

Commentaires librement inspirés des entretiens avec : Marcel Bouche, INRA, Montpellier, Daniel Cluzeau Guénola-Pèrès, INRA de Rennes
Claude Bourguignon, microbiologiste des sols

Voix : Camille Kerdellant

Musique originale : Jean Christophe Masson

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